Préparation..
Faire et défaire...
Peser, lister,
Se débarrasser de se qui n’est pas essentiel, s’assurer de n’avoir rien oublié..,
Pourquoi Santiago de Compostelle?
La question m’a été posée plusieurs fois. Bien entendu que je suis chrétien. Mais un chrétien qui vit sa foi, questionne et chemine sans être asservi à un système. Je ne vais pas à Santiago par ferveur populaire ni à une dévotion à Saint-Jacques. D’ailleurs la science n’a pas réussi encore à statuer sur la véracité de la présence de la tombe de l’apôtre à Compostelle.
J’ai décidé de faire ce chemin car je voudrais me retrouver avec moi-même. Je suis encore dans de « bonnes conditions physiques » ... qu’il est temps de se donner aussi un défi à soi-même.
A la sortie du confinement, je me suis mis à réfléchir sur le type de vacances que je voulais passer pendant les deux semaines de fermetures de l’usine.
Un endroit isolé, pas de voyage, pas d’avion, pas de voiture, pas à la plage étalé au soleil les uns à coté des autres ... j’avais envisagé un séjour en monastère.
Puis l’idée du défi physique m’est venue. Je me suis mis à chercher les chemins de grandes randonnées, puis m’est revenu en tête une discussion avec des amis au sujet des chemins de Saint-Jacques.
Je me suis documenté sur Internet, mais la décision n’est pas prise. Un soir, au hasard, en regardant la TV, je tombe sur un documentaire sur les chemins de Saint-Jacques. Voilà, c’est un signe, c’est là que je vais aller!
Je me suis documenté, et j’ai choisi le chemin le moins fréquenté et de loin le plus beau: celui qui longe l’océan: le Camino del Norte!
Un chemin d’abandon...
Alors que la pandémie reprend gentiment la couleur en Europe. Je fais mes bagages avec précaution: masques, gel hydroalcolique, trousse de secours, etc..
Voici mon plan de marche. Au lieu des 300km prévus initialement, j’ai revu à la baisse pour 195 km.
Je vais rester à l’écoute. Un livre de route parmi la liste que le père François m’avait proposé se trouve dans mon sac à dos: « Aimez à l’infini » de Denis Marquet.
J’apprends ce soir que mes etapes de Ribadeo jusqu’à Lourenzá sont fermées pour cause de propagation importante du Covid depuis début juillet.
Ma chambre est réservée pour la première nuit à Ribadeo. J’aviserai sur place ce qu’il convient de faire.
N’est-ce pas un chemin d’abandon et de confiance qui commence?
Le défi de ne pas prendre l’avion ne fut pas facile. Et je me rends compte que beaucoup de Français ont fui l’avion comme moi... du coup on se retrouve avec des TGV pleins!
Je suis enfin arrivé à Madrid.
Comme je n’ai pas un bon feeling avec cette ville, j’ai mangé vite fait un Kebab et je vais aller dormir.
Demain, fête de Saint Jacques, je prends le train à 07:00 du matin pour rejoindre mon point de départ: Ribadeo.
Enfin arrivé au point de départ après presqu’un 48h de voyage...
La première adaptation du programme sera que je reste ici une nuit de plus pour faire le plein d’énergie, profiter un peu de la mer avant de rentrer dans le pays.
Arrivé le soir de la solennité de Saint-Jacques!
Ton pèlerinage commence quand?
J’ai entendu cette question plusieurs fois de mes proches et amis. Ils sont étonnés peut-être de voir sur mes publications diverses des photos de détente, plage etc...
Mon pèlerinage a commencé le jour où je me suis posé la question de ce que je vais faire cet été... C’est un cheminement conscient, rationnel... mais aussi irrationnel car je me connecte avec mon créateur.
Bien entendu la partie dure avec en moyenne 7h de marche tous les jours va commencer demain. Je ne vais peut-être pas pouvoir me connecter pour donner des nouvelles également.
Aujourd’hui, j’ai passé la journée à marcher, de façon légère le long de la mer. À admirer les « cathédrales » , ces rochers sculptés par la mer qui changent d’aspect selon le niveau de la mer.
C’est un pèlerinage aussi de se baigner et d’admirer la nature!
Messe de 20h00.
Ma route commence ici.
Une messe avec une bonne partie de jeunes: pèlerins et locaux. Je me rends compte que je ne serai pas seul sur la route demain.
Et voici le premier tampon dans mon credential:
Au départ de Ribadeo...
Arrivée à Lourenzá. Demain 27km à nouveau. Je me rends compte que le fait de ne pas parler Espagnol me handicape énormément.
J’ai l’impression de me trouver dans certains coins de Madagascar avec les forêts d’eucalyptus. L’odeur me plonge dans mes douces années au pays ... L’esprit s’evade, je prie, je réfléchis malgré le poids du sac à dos que je pense maintenant... inadapté (10kg!)
Dur dur en tant que non expérimenté de gérer le ravitaillement.
Il est 17h00, je prends mon premier repas avec une bière fraiche!
La pandémie a eu raison des auberges sur mon chemin: beaucoup restaient fermées!
Bien arrivé à Lourenzá, 27km dans les pattes. Épuisé.
Je les ai fait en 9h au lieu des 7h énoncées par le guide.
Souper et puis dodo.
Je me trouve à 162 km de Santiago
Il ne faudrait pas une deuxième journée comme celle-ci! En partance, la prévision météo parlait de petites pluies...
Sur le chemin, j’ai vu du vent, le froid, de la pluie au point de ne pas pouvoir admirer grand chose du paysage.
Un mode survie pour une étape qui grimpe quand même assez ... voir en continu, car je n’avais pas compris les instructions en espagnol des villageois: j’ai pris le chemin primitif au lieu du chemin alternatif!
J’ai du coup décidé de rallonger d’une nuit mon séjour dans ce village comme ça je peux faire la lessive comme il faut, récupérer comme il faut.
Je me suis rendu compte plus tard, en lisant des articles sur internet ce que je n’avais pas compris en espagnol:
Les rencontres du Caminado.
Les premières heures, quand les villageois ou les personnes que tu rencontre te disent « Buen camino », tu t’effondres presque en larmes car oui c’est devenu vrai: je fais partie de cette aventure bien après des millions d’autres...
Hier soir, à la fin de ma première étape de marche (27km), j’arrive à mon premier auberge à Lourenzá. Alors que l’aubergiste m’installe à mon dortoir, je croise une fille que je salue en Anglais. Son visage me semble familier, sans plus.
Ce matin, je tente de me lever tôt pour partir aussi tôt que possible. 07:40, c’est ce que j’ai réussi. Au bout de 2h, à l’approche de Mondoñedo alors que je me sens pas bien car la descente est forte et que mes genoux sont mises à l’épreuve: une fille me dépasse et me demande comment je vais en espagnol... je réponds en anglais que tout va bien presque avec un ton du laisse moi tranquille...
Elle file à une vitesse phénoménale... moi je tempête d’être incapable de suivre son tempo.
Arrivé à la place de la cathédrale de Mondoñedo, je la retrouve avec deux autres pèlerins qui m’ont dépassés. On parle anglais et on prend la peine de se présenter.
Je suis malgache mais que je vis en Suisse ... ah bon en suisse? ... \240moi aussi je vis en Suisse ... mais de où? ... de Neuchâtel... ce n’est pas vrai: j’habite La Chaux de fonds! ... moi j’habite à Neuchatel mais je travaille à La Chaux-de-Fonds 🤣😂. La conversation tourne au français comme elle doit partir et on se dit qu’on discute plus tard à l’arrivée à Abadin, j’allais me recueillir quelques minutes à la cathédrale.
Arrivé à Abadin: premier auberge affiche complet, je marche dans le village pour trouver la première place disponible. Une fois installé, pris la douche je descends pour dîner au seul restaurant ouvert du village. La cuisine de l’auberge comme toutes les auberges étant interdites à cause du covid.
Qui je retouve à table? Gwenaelle, \240elle m’invite à rejoindre sa table comme elle est seule.
Et là surprise, on se présente mutuellement et en fait on s’est déjà croisé en soirées salsa et chez des amis en communs.
Voilà une journée qui a commencée difficilement et qui se termine bien.
Ca rassure tellement de partager avec d’autres aventuriers les mêmes peines et mêmes questionnements.
Autre pays, autres mœurs...
Petite explication de texte par rapport aux deux verres et deux bouteilles d’hier.
Dans le village où je suis actuellement, tu demandes le menu ... c’est 10€ et ceci inclut entrée/ plat gargantuesque/dessert et ... une bouteille de vin 🤣😂
Aujourd’hui je m’accorde un repos de 24h pour détendre mes trapèzes et laisser reposer un peu les pieds...
Lecture, écriture et stretching au menu.
De l’importance du mental...
C’est la première fois de ma vie que je m’engage dans ce type d’aventure.
En trois jours de marche (+1 jour de coupure au milieu), j’ai fais moi-même l’expérience de l’influence du mental sur chacun des trois premiers jours de marche. Accrochez-vous, je vous raconte cela plus tard ci-dessous (article à compléter plus tard).
ULTREIA!
Salutation utilisée entre les pèlerins pour donner de l’encouragement et la motivation aux marcheurs allant vers Santiago. Allez de l’avant, bien au dela, courage!
Arrivé à Vilalba.
Aujourd’hui 20km, une étape facile et agréable.
Je me prépare gentiment aux 36km de demain
Il me reste encore quelques km à faire. Je me repose quelques minutes prendre une bière bien fraîche.
En traversant le village précédent, j’étais à court d’eau et j’ai osé pour la première fois de ma vie: frapper à une porte pour demander à ce que l’on remplisse ma gourde d’eau.
C’était une belle rencontre: un artiste qui fait de la sculpture... et j’ai eu droit à un tampon unique : un sceau rouge en cire à l’ancienne que je pense peu de pèlerins a eu sur son credential:
Un beau cadeau de la nature... quand tu commences à compter les 5 derniers km à faire de la journée (au total 38)
A mesure qu’on se rapproche de Santiago, au plus il commence à y avoir du monde.
J’ai exprès choisi des auberges en dehors des centres « urbains » pour ces derniers jour ... mais il me semble qu’il devient de plus en plus difficile de ne pas croiser du monde ni d’éviter des moments de convivialités avec les pèlerins.
Les chemins du nord vont croiser les chemins Français dans des étapes suivantes ... cela va ressembler à l’autoroute des pèlerins.
Ce soir, toutes les personnes qui ont voulu faire seulement les 100 derniers km pour obtenir la Compostella ont rejoint le chemin à Bahamonde.
Ils ont fait 14km aujourd’hui... et se retrouvent à l’auberge avec la flamme du débutant alors que beaucoup d’entre nous avons déjà fait 100km voire plus:)
Arrivé à destination.
Journée très hardue. 25km seulement mais sur un parcours pas facile et les 10 derniers km sur du bitume 😢
Une pause dominicale...
L’étape d’hier m’a mis les pieds en vrac ... malgré les précautions des randonneurs d’enduire son pied de vaseline avant de mettre les chaussettes.
J’ai du mettre 4 bonnes heures pour faire les 10 derniers km du parcours d’hier.
Comme je me trouve dans un village très joli, avec le monastère des sisterciens, je me dis que c’est le bon jour pour faire une pause et de prendre du temps pour prier avec les moines.
Hier encore, je discutais avec une amie rencontrée sur le chemin du bien fondé scientifique du tombeau de Saint Jacques à Compostelle... étant à son n-ieme camino, elle me répond tout simplement... c’est ce que tu dis maintenant... on en reparle quand tu aura terminé ton camino.
Voilà un coin rêvé pour une brève discussion avec un moine 15 minutes avant la messe.
Une étape facile techniquement mais très très éprouvante en terme de distance et temps 37km - 9h40 théoriques.
Je ne suis pas encore arrivé... mais j’aurais une anecdote à raconter plus tard sur cette étape... rappelez-moi si par hasard j’oublie de le raconter dans uns des futurs billets.
Mon compagnon de voyage... pendant 12km.
Alors que je me suis préparé physiquement et psychologiquement à l’étape la plus longue de mon camino, l’inattendu vient de ce petit animal. J’avais déjà une vingtaine de km dans les pattes que voici à l’entrée d’un village ce chien m’aborde sans aboyer et me suit.
Je fais l’indiffent en espérant pouvoir lui fausser compagnie au bar du centre du village. Et voilà que le bar est fermé! Je suis épuisé, il me faut vraiment faire ma pause. Un abribus se trouvait pas loin fera l’affaire.
A peine je m’assoie que voilà le chien qui se jette sur moi comme un élan affectif... J’ai hurlé d’un ton méchant et je l’ai jeté avec force! Il reculait et me regardait avec des yeux apeurés. Je regrette presque le geste que je venais de faire. Je defais mes chaussures et prends ma pause. Le chien reste à côté et fait sa vie.
J’ai remis tout doucement mes chaussures, et partais sur la pointe des pieds et voilà que le chien me suit!!!
Je lui barrais la route avec mes bâtons en le menaçant et lui sommant de rentrer chez lui: il recule, appeuré. \240A peine je tourne le talon qu’il me suit. A une place de village avec une petite haie, j’escaladais par dessus dans l’espoir de le semer: peine perdue il me suit ... tout content de me retrouver... comme si c’était un jeu pour lui.
A la traversée des villages, les chiens aboient, il reste silencieux, hésitant et me regarde appeuré...
Au bout de 10km, une voiture passe et je fais signe au conducteur. Lui explique la situation en anglais et avec des gestes pour le supplier de prendre le chien.
Il ouvre son fourgon et invite le chien à rentrer. Nous avons réussi... sauf qu’il s’est aussitôt échappé ... \240à mes pieds quand le conducteur allait fermer son fourgon. Aucun doute... il me considère comme son maître! Le conducteur abandonnait.
Comment faire pour se débarrasser de lui? Je ne vais quand même pas aller à Santiago avec un chien!!!!
Sur le chemin, il s’amuse: fouine partout: les portails des maisons, les coins d’herbes, reste derrière puis court après moi, va un coup en avant, m’attend... et moi qui voulais de cette longue étape une sorte de méditation... le sujet du moment \240était pendant 12km (3heures) : comment faire pour se débarrasser de lui!
A l’entrée d’un village, on entendait des enfants jouer dans une cour. Mon petit chien curieux regarde à travers le portail qui était pas fermé. S’y engouffre et ... le temps de se distraire avec les enfants, j’ai puisé dans mes dernières ressources énergétiques pour courir ! Le voilà semé youpiiii! Quelle histoire!
Je me retourne: plus de chien!
Bien arrivé au terme de l’étape d’aujourd’hui.
Après l’effort... le réconfort!
Préparation pour l’ultime: Saint-Jacques de Compostelle. C’est déjà la fin!
L’ultime!
Ce matin réveil 05:00 départ de marche 05:30 pour être à l’heure pour la messe des pèlerins à Saint Jacques de Compostelle.
Quelle beauté que de marcher dans la forêt au clair de lune!
Cette dernière étape était comme un rêve! Rien que de voir sur la ligne droite du plateau de Monte del Gozo cette file de pèlerin en marche, c’est magique!
Arrivé à destination.
Après les premières émotions de l’arrivée, un petit recueillement sur la place de la cathédrale...
Il était important maintenant d’aller vite réclamer sa Compostella pour valider son pèlerinage
Puis de se dépêcher pour assister à la messe d’accueil des pèlerins, où on m’a réquisitionné de faire la première lecture en anglais.
Jour de repos. Visite de la ville et organisation du retour.
Gwenn en partant m’avait offert ce présent, le résumé de son Camino de Santiago!
C’est exactement la chanson que je chantonnais quelques jours pendant ma marche...
Déjeuner au marché des fruits de mer:
Pas d’inquiétudes, je serai à la maison vendredi soir.
Je vais enrichir au fur et à mesure le journal à mon retour selon mes notes papiers.
La série de billets se termine ici. Je vais continuer à alimenter les billets existants comme vous avez pu observer il y a des articles à compléter.
Pour clôturer, je suis bien arrivé, sans confinement obligatoire.
En offrant le goûter à mes voisins qui ont gardé la voiture pendant les deux semaines, ils m’ont donné à lire un livre qui constituera mon projet futur: refaire le chemin de Compostelle à nouveau... mais depuis la Suisse et par petits bouts!
A suivre ici:
journohq.com/journo/camino-de-santiago---via-jacobi-ch-44414