1
Genève Aéroport

Jour 1 - 1er août 2022

En ce jour de fête nationale, sous des températures caniculaires, nous voilà partis en direction de la gare avec nos pattes pour seul transport. Dégaine : un sac à dos à sa place, un autre sur le ventre, et le sourire jusqu’aux oreilles.

Ces vacances ont une saveur toute particulière, puisque nous sommes accompagnés de Romy, sept ans trois-quarts et presque toutes ses dents. C’est son premier grand voyage loin des contrées européennes et de nos coutumes occidentales.

La preuve, après un transport avec les CFF, dans la file d’attente pour enregistrer nos sacs à dos dans « le ventre de l’avion », Romy regarde avec un froncement de sourcil le couple devant nous. Elle nous glisse à l’oreille : « C’est quand même pas normal d’avoir une tête aussi plate. ». Visages consternés de notre côté, nos yeux coulissent en direction des personnes concernées. Fou-rire garanti ! Visiblement, \240Romy n’a pas eu l’occasion de rencontrer beaucoup de personne provenant des pays asiatiques.

Nous passons la sécurité sans encombre, puis la douane. Le garde-frontière me fait plaisir en soulignant que nous avons de très jolies fourres de passeport, bien qu’il précise tout de même qu’elles ne sont pas pratiques pour deux sous. Qu’importe, j’étais déjà contente de mon achat, cela se confirme.

Romy observe avec émerveillement le Boeing 777 qui s’impose devant nous, coucher de soleil en arrière-plan, décor de carte postale ou presque.

Nous volons avec Emirates, l’une des meilleures compagnies aériennes du monde.. Les tons clairs des assises donnent un air paisible à l’habitacle. Les allées sont composées de dix sièges classés de la manière suivante : 3 - 4 - 3. Nous avons la chance de pouvoir être les trois ensemble sans devoir être assis à côté d’un étranger.

Dehors, le jour tire sa révérence en douceur, laissant place à l’obscurité naissante. A l’intérieur du Boeing, une pluie d’étoile artificielle parsème le plafond, on s’y croirait presque.

Nous sommes particulièrement surpris de constater que le géant metallique a englouti seulement la moitié de sa capacité, tandis que les portes se ferment, laissant Genève derrière nous. Les rangées entières de sièges vides laissent une sensation d’inachevé. Le calme règne et c’est particulièrement agréable.

A peine installée, Romy fait de l’ordre sur son siège, et commence à choisir son film. C’est un petit paradis pour ses yeux d’enfant. Elle reçoit également une très jolie trousse bleue avec plein de chose dedans, dont des chaussettes jaunes et bleus avec le symbole de la Tour Eiffel. J’en suis presque jalouse. Bien qu’il soit déjà passé 22h, nous la laissons profiter devant son film. Le sommeil est reporté pour plus tard, ce qui n’a pas l’air de poser problème quand on l’observe avec le sourire qui lui mange le visage.

Un repas est servi vers 23h, que je décline car nous avons déjà mangé un peu plus tôt. Romy découvre le bonheur d’un plateau repas devant l’écran, la couverture sur les genoux, pâte au jambon, petit pois/carotte, kiri, pain-beurre, cookies, biscotte, chocolat, mousse au chocolat. Moi je remercie la compagnie d’avoir ajouté une lingette nettoyante entre deux denrées alimentaires. Ça devrait être fourni avec les enfants, en version illimité, après chaque repas. Les habits ont été épargné, et c’est suffisamment exceptionnel pour le souligner.

L’euphorie du début retombe doucement, tel des flocons de neige lors d’une journée d’hiver. Les discussions s’étouffent, laissant la place à quelques ronflements. Une respiration basse et régulière soulève le ventre de la petite personne blottie à ma droite. Aurélien est emballée comme un paquet cadeau sur ma gauche. Nous sombrons tous les trois dans le sommeil.

2
Johannesburg

Jour 2 : 2 août 2022

L’arrivée à Dubaï nous extirpe violemment des bras de Morphée. Il est 6h00, heure locale, et deux de moins sur le cadran helvétique. Aurélien et moi luttons, tandis que Romy s’éveille telle une fleur un matin de printemps. Elle ajuste le casque audio sur ses oreilles et poursuit le deuxième film qu’elle a entamé quelques heures plus tôt afin de profiter des dernières minutes avant la sortie sur le tarmac des Emirats Arabes Unis.

Nous avons le temps puisque le prochain vol est prévu à 9h55. Nous visitons les lieux, puis nous nous installons pour un petit-déjeuner. Nous commandons un pain au chocolat chacun, une bouteille d’eau pour tout le monde et Aurélien rajoute deux redbulls pour tenter de se réveiller un peu plus. Nous payons sans réaliser ce que cela représente puisque c’est la monnaie locale qui est mise en avant. Ce n’est que dans un second temps, que nous \240comprenons que le petit-déjeuner a coûté la somme astronomique de 50.- !! Bel effort. A savoir que les deux redbulls valaient 16.-, ça change des 4.- chez Coop.

Bref, nous serons plus prudent à l’avenir. Le temps passe vite, et lorsque la « gate » s’affiche, il nous faut traverser tout l’aéroport, ce qui équivaut au moins à un semi-marathon. Pour la deuxième partie du voyage, nous passons d’un Boeing à un Airbus, mais pas n’importe lequel. Un Airbus A380 ! Si son nom vous parle, c’est normal, car c’est l’un des seuls avions au monde à posséder deux étages et quatre réacteurs. Il est tout simplement monstrueux. J’ai eu l’occasion d’en prendre un, une seule fois entre Zürich et Singapour pour aller en Indonésie.

Rien à voir avec le vol précédent, celui-ci est blindé. A savoir que nous sommes à la rangée 76 et que l’Airbus en possède plus de 80. Pour faire Genève-Dubaï, la durée était d’environ six heures, et pour Dubaï à notre destination, il faut compter huit heures.

Dans les premières heures, je tombe dans le coma, tentant de rattraper les heures de sommeil manquées. Romy a trouvé un nouveau film et Aurélien finit celui qu’il a commencé lors du vol précédent. Les rôles finissent par s’inverser. Romy dort, Aurélien aussi, et moi je bouquine.

Nous atterrissons à 16h25, heure locale, sur la nation arc-en-ciel. Il n’y a aucun décalage horaire, malgré que nous soyons à l’autre bout du monde, nous restons sur le même fuseau horaire que la Suisse. Il nous reste juste le souvenir de nos corps ankylosés en conséquence direct de ces longues heures de vol.

Nous sommes accueillis par un petit -12°, température intérieure des locaux aéroportuaires. Je crois qu’ils ont poussé le bouton de la clim’ un peu trop loin. Je vous fais signe si je croise un ours polaire entre les toilettes et le duty-free. (Je plaisante, il n’y a pas de duty-free.)

L’étape la plus pénible survient juste après la pause toilette : celle du passage à la douane. Qui dit Airbus A380, dit beaucoup de monde, et qui dit rangée 76, dit qu’il va falloir prendre son mal en patience, alors que Romy se demande encore qui est patience, cet étrange mot qui revient si souvent.

Par chance, nous passons par un petit passage, qui nous permet de devancer plusieurs personnes en même temps que des guichets supplémentaires s’ouvrent. Nous avions eu des recommandations de préparer différents papiers, notamment concernant Romy, mais nous passons comme une lettre à la poste avec pour seule parole : « Have a nice trip. ». Pendant ce temps, Romy se met à sautiller devant le comptoir dans l’attente de son premier tampon, déposé comme un marteau sur un clou, dans le précieux sésame rouge à croix blanche.

Concernant la récupération de nos sacs à dos, c’est toujours une épreuve en soit. J’ai la chance, pour une fois, de récupérer mon sacs à dos deux minutes après notre arrivée devant les tapis roulants. La machine finit par recracher le sac d’Aurélien bien plus tard.

Il est déjà 17h30, lors que nous marchons en direction des voitures de location. J’ai réservé un véhicule sur internet, via RentalCar, qui se charge de rassembler plusieurs loueurs sur le même site. Après le Costa Rica et l’Islande, ça sera la troisième fois que nous louons une voiture à l’étranger. J’avais anticipé en prenant mon permis international, mais l’hôtesse d’accueil ne semble pas en être intéressée plus que ça. Nous réglons la paperasse et je signe tellement de document que je pourrais finir par faire payer mes autographes. Nous voilà, clé en main, une petite boule au ventre, à la recherche de notre précieuse dans un parking couvert. Sur internet, nous choisissons surtout un type de véhicule, en l’occurrence type « petite voiture, 5 portes » pour nous, et pas vraiment le model définitif. C’est toujours une surprise.

Nous rencontrons une petite blanche, de marque Datsun (jamais entendu parlé), qui nous laisse mi-figue, mi-raisin. Les rires s’élèvent en même temps que mon stress lorsque je me cramponne au volant situé à droite de l’habitacle. Je respire un bon coup, fais cracher le moteur et nous voilà partis. Dehors, l’horizon projette des couleurs feux agonisantes, tandis que le reste du ciel est totalement noir. Il est 18h00, et j’ai la vision d’un paysage apocalyptique. Ou peut-être, c’est juste ma conduite qui l’est.

Nous n’avions pas prévu de conduire de nuit. Nous mettons le GPS pour l’hôtel qui indique dix minutes de route. Il fait bel et bien nuit, j’aperçois certaines structures qui ressemblent à des lampadaires, mais qui, manifestement, ne fonctionnent pas. Entre la voiture qui est nouvelle, la conduite à gauche, les dos d’âne qui nous font penser aux « muertos » du Costa Rica, les nids de poule au bord des routes et les gens qui marchent sur la route, ça devient complexe. Je me répète en boucle de rouler à gauche alors que nous empruntons un bout d’autoroute où les lignes sont à peine compréhensible. Il doit y avoir en tout cas quatre voies, ce qui est particulièrement impressionnant, d’autant plus que certains les utilisent comme un circuit de Formule 1 au rab’.

Nous finissons par arriver… au mauvais endroit. Le nom ressemblait à l’hôtel sur le GPS et nous n’avions pas étudié plus amplement la chose. Je cède le volant à Aurélien et nous faisons demi-tour. Autour de nous, se dresse plusieurs maisons érigées par des murs en pierre et des barbelés. J’avais lu pas mal de chose à ce sujet. Ce sont la population la plus riche qui a ce genre d’infrastructure, le plus souvent des blancs, ce qui ravive un passé complexe qui n’appartient pas tout à fait aux temps d’antan.

Nous y sommes ! Au Premier Hotel O.R. Tambo. Un quatre étoiles de qualité proche de l’aéroport. Il dispose, entre autre, d’un parking surveillé et d’une piscine. Nous découvrons une chambre spacieuse et propre qui fera parfaitement l’affaire pour la nuit. J’avais demandé un lit d’appoint pour Romy. L’information n’est visiblement pas passée. Nous décidons, à son plus grand plaisir, qu’elle dormira avec nous. Le lit est suffisamment grand pour que nous y soyons les trois sans même se toucher. Le prix pour la nuit est de 55.-, ce qui est plus que correct.

La chambre est glaciale avec la climatisation, nous la tournons en mode « chauffage » pas vraiment convaincus que cela fonctionne. Nous descendons à la réception où nous trouvons le restaurant avec un buffet très complet. Romy ne paie pas la nourriture, uniquement les boissons. Mine de rien, c’est un gros plus. Après le repas, nous buvons une bière au bar et rentrons à la chambre, au sixième étage, déjà bien fatigués. Il est à peine 21h00. Il faut dire qu’avec le soleil qui se couche quatre heures plus tôt que ce dont nous sommes habitués ces dernières semaines, ça fait tout drôle.

Romy se douche, et s’endort directement après (même sans son doudou), alors qu’elle s’était juste posé « un instant » sur le lit. Elle ne se réveillera que le lendemain.

De notre côté, j’entame les détails de planification pour le lendemain. Nous avons pris l’habitude de voyager « tranquille » en se laissant porter un minimum et en gardant la possibilité d’évoluer avec le planning depuis deux ans à la suite de la pandémie qui a chamboulé beaucoup de projet. Actuellement, nous n’avons pas encore réservé la deuxième semaine, mais nous y travaillons fortement. Nous tâchons surtout d’éviter les petites bourdes comme ce soir, surtout avec la petite. La suite, c’est pour demain.

3
Parc national Kruger

Jour 3 - 3 août 2022


Nous avions prévu de nous réveiller à 7h00 pour un départ de l’hôtel à 8h00. Nous nous réveillons finalement à 7h50. J’avoue que même si nous nous sommes couchés avant minuit, je n’aurais pas dit non à jouer les prolongations sous la couette. J’ai été réveillé à plusieurs reprises par Romy qui faisait du rodéo sur mon dos, me poussant au bord du lit. Elle a dû faire de drôle de rêve.

Nous descendons prendre un petit déjeuner avant le grand départ. Nous vidons la chambre et prenons nos sacs à dos. Il est 9h00, lorsque nous retrouvons notre Datsun. Ce matin, nous nous sommes rendus compte qu’à 7h00 il faisait déjà suffisamment jour pour conduire, c’est bon à savoir pour la suite. Dehors, le ciel est gris, couvert par un amas de nuage clair. Il ne fait ni froid, ni chaud. Après les températures caniculaires du mois de juillet en Suisse, c’est plutôt agréable.

Aurélien commence à prendre le volant, ce qui me ramène au rôle de GPS sur patte. Alors que nous nous concentrons pour pendre les bonnes routes et rester à gauche, Romy est là pour nous rappeler l’essentiel : les paysages qui défilent. Elle s’interroge sur les tas de ferraille en bord de route. Des bidonvilles. Ils s’étendent à perte de vue, et je ne me souviens pas d’en avoir déjà vu d’aussi gros. S’ensuit une discussion sur la condition de vie de ses habitants. Elle s’étonne aussi de tous les déchets qui parsèment les champs en amont des bidonvilles. C’est vrai que c’est intéressant quand, dans notre pratique occidentale, nous recyclons un maximum et sensibilisons toute la population à la pollution, d’être confronté à ce genre de scène. Nous lui expliquons toutes les petites mains qui permettent l’acheminement et le tri des déchets dans les pays riches, ainsi que les infrastructures qui sont construites pour ça, tout en faisant le parallèle avec les pays d’Afrique. Elle finit par changer de sujet en disant « Je suis trop contente, je vais réaliser mon rêve, on va aller voir les lions ! ».

J’ai la surprise de découvrir que la voiture possède l’Apple Car Play. Déjà, j’étais ravie qu’il y ait une prise USB, d’habitude nous prenons avec nous un allume-cigare avec USB dessus. Nous regardons la Datsun avec un regard tout neuf. Le Car play permet de refléter son téléphone sur l’écran. Cela permet de mettre Maps.me sur l’écran principal de la voiture, et de mettre la musique via Spotify, le tout en chargeant le téléphone. La grande classe.

Une fois sur l’autoroute, tout est plus simple. Nous arrivons sur une route à deux voies. La vitesse est limitée à 120km/h. Étonnement, le bitume est plutôt bien conservé. Pas de risque de collision frontale ici. Il faut simplement se rappeler qu’il faut rouler à gauche et dépasser sur la voie de droite. Il y a plusieurs camions, et un nombre limité de voiture, la conduite reste agréable.

Après une heure trente de route, nous passons notre premier péage. Cela ressemble à ceux présents en France. Nous devons patienter un peu, le temps que la file avance. Les tarifs sont affichés en grand, pas de risque de se faire arnaquer. Cela coûte 70 rand, ce qui correspond à 4 francs suisse.

Plus tard, nous repassons également un péage à 104 Rand cette fois. Notre route oscille entre autoroute et route nationale. Les paysages défilent, révélant ses terres rouges et ses champs à perte de vue. Soudain, nous voyons quatre singes traverser la route devant les yeux conquis de Romy. Il n’y a plus aucun doute, nous sommes bien en Afrique du Sud.

Nous faisons une pause dans une station service, alors qu’il reste environ 1h30 de route. Nous remettons de l’essence, bien que la jauge est à la moitié. Il n’y a pas grand chose à manger, et nos ventres grondent. Nous faisons le plein de chips et biscuit. Ça suffira pour le moment.

Juste avant d’arrivé à destination, nous traversons un pont au dessus de la Crocodile River. La rivière porte bien son nom, nous apercevons un crocodile au milieu, et Romy repère un hippopotame non loin du reptile. Nous y sommes ! A 14h00, après quatre cents kilomètres parcourus, nous arrivons devant la Malelane Gate, l’une des dix portes où il est possible d’entrer dans le parc. Celle-ci se trouve tout au sud du parc Kruger.

Nous décidons de rejoindre en priorité notre camp avant de se promener. En effet, les camps, ainsi que les portes ont des heure d’ouverture et de fermeture en fonction du moment de l’année. Ces horaires sont calqués sur ceux du lever et coucher du soleil. Le principe est d’offrir un moment de paix aux animaux et d’éviter les incidents liés à l’obscurité. Il n’y a aucune clôture autour du parc, les animaux sont en total liberté. Les portes gèrent les accès routiers uniquement.

Il y a un peu moins d’une vingtaine de camps nationaux dans le parc. Il faut obligatoirement réservé à l’avance via le site « Sanpark ». Nous avons réservé seulement trois semaines avant notre arrivée ce qui est un peu light. Nous étions limité avec notre critère de trouver un logement pouvant héberger trois personnes dans la même pièce pour trois nuits. Il restait uniquement le camp Berg-en-Dal qui correspondait à ce critère. Pour trois nuits et quatre jours dans le parc (incluant la taxe d’entrée quotidienne), cela nous est revenu à 500.- pour trois. Autant dire que c’est plus que correct. Le coût d’un safari en Tanzanie était de minimum 600.- par personne. La grande différence ici, c’est que nous sommes livrés à nous-même avec notre petite Datsun.

Durant la route jusqu’à notre camp, soit environ vingt minutes, nous croisons des éléphants et des girafes, à longue distance. Nous avons aussi la chance d’observer un léopard avec nos jumelles. Le félin est perché dans un arbre à environ 500 mètres de nous. Nous croisons aussi un grand nombre d’impalas.

Le Berg-en-Dal se dresse devant nous. Il est fortifié par des murs en brique, des barbelés et des grillages électriques. Cela change de ce que nous avons vécu en Tanzanie où les camps n’avaient aucune protection. Ici tout est fait pour que nous puissions rester plusieurs jours dans le parc. En effet, le camp dispose d’un restaurant, d’une pompe à essence, d’une piscine et même d’un magasin avec une variété d’article impressionnante. Nous récupérons les clés de notre maison à la réception. Nous apprenons qu’il n’y a pas de wifi. Non pas que cela me pose un réel soucis, c’est simplement que nous n’avons toujours pas réservé la semaine suivante, et qu’il faudra bien que nous nous en occupions à un moment donné, et de préférence avec une connexion internet.

Nous reprenons la voiture depuis la réception pour nous rendre dans notre logement pour les trois prochaines nuits. Une maison de brique, avec un toit en paille, nous accueille au numéro 59. Elle dispose d’une terrasse avec une table, quatre chaises et un endroit pour faire un barbecue. L’intérieur nous projette au minimum deux siècles plus tôt. Les sols et les murs sont tout de brique vêtus. Le toit s’élève dans le ciel, et des poutres maintiennent les structures de part et d’autre de la pièce. Nous avons une petite cuisine, un frigo, un bar, trois lits et une pièce pour la douche et les toilettes. L’endroit sent le renfermer et les logements du temps d’avant.

Nous reprenons la route avant que cela ne soit plus possible. Nous repassons devant le léopard. Il s’est déplacé ! Le voilà toujours perché dans un arbre, simplement beaucoup plus proche de nous. Il est possible d’observer son pelage sans jumelles. Avec ces dernières, nous pouvons voir sa gueule endormie de gros chat.

Plus loin, je freine rapidement alors qu’un truc gris est rentré dans mon champ de vision. Je fais marche arrière et un éléphant se trouve juste en contrebas de la route, sur notre gauche. Il est seul. Le pachyderme mâche ses feuilles tout en appuyant plusieurs fois avec insistance sur l’arbre qui plie sous son poids. Au bout d’un moment il finit par nous regarder, comme s’il prenait conscience de notre présence. Ses défenses sont à la hauteur de notre petite voiture et de ses fenêtres ouvertes. L’espace d’un instant, nous avons peur qu’il ait envie de faire du foot avec notre Datsun. Nous prenons la poudre d’escampette. L’éléphant se déplace, juste après notre départ, et se met là où nous étions. Nous avons peut-être bien fait de partir finalement.

Nous tombons encore sur deux phacochères. Je suis absolument fane de ces animaux ! L’un d’entre eux nous fixe. Je les trouve vraiment drôle, avec leur moustache, leur défense et leur queue qui part en satellite dès qu’ils se mettent à courir. Je crois que ni Aurélien, ni Romy ne partage cette passion.

A quelques pas du camp, nous tombons sur un vautour, perché sur un arbre mort. Il s’envole à notre arrivée et déploie ses ailes en direction du soleil couchant.

Et pour finir en beauté, trois lycaons dispersés sur le bitume qui nous obligent à ralentir. Waouh. En Tanzanie, nous n’avions pas eu l’occasion d’en voir. Ici ils sont à deux pas de la voiture. Silhouette fine et élancée, leur pelage est composé d’un mélange de noir, brun et blanc. Une queue touffue et surtout des oreilles, hautes et rondes, finissent de caractériser cet animal fascinant. Ses paraboles bougent dans tous les sens, écoutant des sons que seul eux peuvent percevoir. Ils trottinent à côté de la voiture, pour notre plus grand plaisir.

Il est 17h30 lorsque nous revenons devant les portes du camp. Le soleil a plongé derrière les montagnes, et un reste de lumière nous permet encore de voir correctement. En deux heures de safari, nous avons eu l’occasion de voir tellement d’animaux, c’est dingue. Je suis déjà conquise, malgré la fatigue hautement palpable.

Nous regagnons un moment notre maison, avant de nous rendre au restaurant. Nous prenons à nouveau la voiture. Je m’installe à droite pensant me faire conduire, et Aurélien se met à gauche, naturellement, pensant prendre le volant. Nous rions en constatant que c’est moi qui suis derrière le volant. Le naturel revient vite au galop.

Nous nous dirigeons à l’aide des frontales jusqu’au restaurant. Ce dernier a quelques tables à l’intérieur et d’autres en extérieur. La carte du restaurant est plutôt intéressante avec des prix correct. N’ayant rien mangé de solide à midi, nous commandons tous les trois un burger, et profitons d’un milkshake au dessert. Les quantités sont généreuses. Cela nous revient à 36.- pour les trois, boissons comprises.

A 21h00, nous sommes de retour à la maison. Une heure plus tard, nous sommes au lit, après avoir établi le plan pour le lendemain et pris une douche chaude.

4
Parc national Kruger

Jour 4 - 4 août 2022


6h15 le réveil déchire nos rêves et nous pousse dans la réalité. Ça pique. Dehors le ciel est déjà clair, nous invitant à sortir. Nous passons la porte du camp à 6h30. Cela fait déjà trente minutes qu’il est possible de sortir. Dans ma stratégie, je me suis dit que ça serait pas mal d’attendre que les premières jeep s’y rendent déjà. Soyons honnête, le léopard hier nous ne l’aurions jamais vu si un monsieur ne nous avait pas donné le conseil à l’entrée et s’il n’y avait pas quelques jeeps arrêtés sur le bas côté. C’est un bon indicateur.

Le soleil monte lentement à l’horizon, nous faisant profiter de sa majestueuse boule de feux. Rare sont les véhicules que nous croisons.

Après une quinzaine de minute, nous tombons sur notre premier animal de la journée, et le premier de ce safari : une hyène. Elle est cachée à travers les hautes herbes et nous l’apercevons par intermittence.

Plus loin, Romy me demande de m’arrêter, je fais demi-tour et nous tombons sur ce qui s’avère être des « grands koudous ». Cet animal majestueux se fond parfaitement dans la savane africaine avec son pelage couleur fauve. S’il fallait le vulgariser, je l’assimilerais à un cerf de chez nous. La grande différence réside dans ses cornes qui, à elles seules, valent le détour. Elles s’enroulent en spirale au-dessus de leur tête. Le troupeau de grand koudou traverse la route devant le capot de notre Datsun. Magique.

Nous nous arrêtons plus loin alors que des voitures sont arrêtés sur le côté. Il est 7h30, nous sommes partis depuis une heure. Nous prenons quelques secondes à comprendre ce qui se cache, car la végétation est bien présente. Il n’y a plus aucun doute : des rhinocéros ! Il y a même un bébé. Je suis émerveillée ! Cela veut dire qu’officiellement, pour Aurélien et moi, nous avons vu les « Big Five ».

Pour rappel, l’appellation Big 5 est un terme ancien utilisé par les chasseurs qui désignait les cinq plus grands animaux sauvages d’Afrique, ainsi que ceux les plus dangereux à chasser. Aujourd’hui, ce mot est à la bouche de tous les touristes et, est considéré comme les cinq plus beaux animaux à voir. Je dirais que c’est plutôt faux, puisqu’il manque le phacochère !

Sur les gros rhinocéros, il y a des oiseaux qui se nourrissent des petites bêtes sur la cuirasse de monsieur et madame Rhino. Ces profiteurs s’appellent des piquebœuf à bec rouge. Certains parviennent même à rentrer entièrement dans leur oreille, ce qui nous fait beaucoup rire.

Au parc Kruger, il y a deux types de route : les routes principales, bétonnées, qui sont colorées en route sur la carte, et les routes secondaires, en terre, qui sont représentées en jaune. Nous quittons la route principle pour la première fois et partons sur une route « jaune ». Ces dernières, même sans 4x4 et avec notre petite Datsun, sont extrêmement praticables. Il y a très peu de nid de poule, et sur le trois quart de ces routes, il y a même une absence de cailloux, ce qui rend la conduite particulièrement agréable. Dans le parc, la réglementation de vitesse est de cinquante kilomètres heure.

Après quelques kilomètres nous nous arrêtons à côté d’une autre voiture. Là, nous observons trois rhinocéros, juste à côté de notre véhicule ! Ils sont absolument magnifiques. Autant avant, les hautes herbes nous empêchaient de les distinguer clairement, autant ici la végétation est raz les pâquerettes, et nous avons tout le loisir de les regarder à notre guise. Je suis fascinée. Nous avons la chance d’être en petit comité et le silence des moteurs éteints et des bouches closent nous permettent d’entendre le lourd pas de ses gros mammifères, ainsi que leur mastication bruyante. En plus des mêmes oiseaux que tout à l’heure, il y a également des choucadors de Burchell, des petits oiseaux aux couleurs étonnantes, un mélange de bleu et vert métalliques.

Nous restons un long moment près d’eux à \240prendre de la graine sur leur nonchalance. Je suis tellement contente de pouvoir en voir d’aussi près. Tous les rhinocéros que nous croisons ont la corne coupée. Je me renseignerais, car je pense que c’est peut-être volontaire pour éviter les braconniers de les tuer pour ça.

Nous poursuivons notre route. Nous avons l’impression d’être seuls au monde sur ces petits chemins de terre qui montent et qui descendent. Soudain, nous tombons sur un troupeau de giraffe. Elles nous regardent de haut, ce qui peut paraître normal vu leur taille, lorsque nous arrivons, puis reprennent leur recherche de feuille. Nous coupons le moteur et deux girafes arrivent de loin, marchant majestueusement jusqu’à nous avant de dévier pour rejoindre leur copine. Je m’amuse à faire une vidéo en accéléré, ça vaut le coup d’œil.

Un peu plus loin, nous croisons un troupeau de zèbre et de gnous qui traverse la route deux par deux.

A 10h30, nous atteignons le camp de Skukuza après quatre heures de safari. Skukuza est situé au bord de la rivière Sabie. C’est le plus grand et le plus fréquenté de tous les camps du parc Kruger. Ça fait un bien de dingue de se dégourdir les jambes. Nous profitons de visiter leur magasin qui est proportionnel à son camp, en étant le plus grand qui existe. Pour une fois, je fais quelques achats. Ici, il est possible de payer avec la carte presque partout, ce qui diffère vraiment du voyage à Cuba.

Bien qu’il fasse frais quand le soleil est couché, ainsi qu’à l’aube de la journée, la température actuelle est parfaite. Nous sommes en short et t-shirt, le soleil caresse doucement notre peau sans l’agresser. Difficile d’imaginer que nous sommes en hiver.

Nous nous arrêtons au restaurant du camp. Il se trouve à côté de la rivière. Le cadre est magnifique, bien qu’il n’y ait aucun animal près de l’eau. En revanches, il y a, comme dans presque tous les camps, une colonie de babouins relativement envahissant qui aimerait bien manger un bout de notre repas. Beaucoup de gens crient et s’énervent. Moi je les trouve plutôt marrants. Il suffit de protéger ses affaires, et ils filent dès que nous tapons dans les mains.

Romy mange à nouveau un burger et nous prenons un filet de bœuf, sauce Madagascar, une sauce au poivre absolument excquise. Là aussi, nous nous en sortons pour 35.- avec boisson et dessert.

Avant de partir, nous jetons un coup d’œil sur le tableau des animaux qui est présent dans chaque camp et à chaque porte. Il fait participer les gens en leur permettant de noter où ils ont vu les animaux suivants : lion, lycaon, éléphant, buffle, léopard, guépard. Le rhinocéros est présent aussi, mais il n’y a pas d’aimant coloré à ses côtés pour les placer. Pourquoi ? Parce qu’ils ne veulent pas que leur emplacement puisse être identifié facilement à cause du braconnage. Le tableau est vidé chaque deux jours de ses aimants. Il y a deux tableaux « aujourd’hui » et « hier », cela permet d’avoir une idée de l’évolution.

Nous repartons pour la suite de notre safari à 13h00. Le temps passe terriblement vite.

Le premier animal que nous croisons est un nyala qui traverse la route. Il ressemble au grand koudou, avec un pelage différent et une taille réduite.

Plus loin, nous prenons un petit chemin de terre qui fait un demi-cercle au plus proche de la rivière Sabie. Nous avons la chance de voir des éléphants qui se baignent ! Deux d’entre eux jouent et glissent l’un après l’autre tout entier dans l’eau. Nous fermons exceptionnellement les fenêtres, car des babouins nous encerclent. Un singe se met même sur ses pattes arrières pour nous regarder à travers les vitres. J’ai une magnifique photo d’Aurélien, les éléphants en arrière-plan et la tête du babouin en second plan.

Toute la route que nous empruntons en direction du camp Lower Sabie, longe la rivière qui a donné son nom au camp. Cela donne de très jolis paysages. Nous sommes étonnés du peu d’animaux autour de la rivière. Nous en avons traverser beaucoup, et un grand nombre d’entre-elles sont taris. Malgré que cela soit l’hiver, il ne faut pas oublier que cela reste la saison sèche. Par conséquent, nous pensions que le peu de point d’eau dispo serait « envahi ». Ce n’est pas le cas.

Nous faisons un stop sur un autre demi-cercle qui donne vue sur la rive d’en-face. A l’œil nu, nous voyons une tâche, aux jumelles décathlon deuxième prix, nous voyons un gnou et pour finir, avec les jumelles Nikon hors de prix qu’Aurélien a acheté, nous voyons un buffle ! Comme quoi, avec le bon matériel, ça change les perspective. C’est le premier que nous voyons, bien qu’il soit loin. Nous espérons pouvoir en apercevoir de plus près.

Un conseil que j’avais lu et que nous avons fait en arrivant, c’est d’acheter la carte/guide du parc, qui est traduite dans plusieurs langues. Elle donne les cartes, les temps de route, des conseils et informations sur les animaux et le parc Kruger, ainsi qu’une liste avec image et nom des mammifères, reptiles et oiseaux présents dans la brousse.

C’est grâce à la carte, que nous reconnaissons un calao leucomèle, un oiseau au bec courbé jaune avec des ailes noires à point blanc.

Tandis que nous longeons la route, sur notre droite, il y a de nombreux départ de feux. L’air sent le barbecue, et le ciel est saturé de fumé. Il y en a tellement que l’on se demande même si ce n’est pas volontaire. Quoiqu’il en soit, ça n’a pas l’air d’inquiéter qui que ce soit.

Sur la route, il y a beaucoup de crotte d’animaux, notamment ceux des éléphants qui sont de taille importante. La consigne est de les éviter un maximum pour deux raisons : la première : il y a un risque de crevaison, car les selles des éléphants contiennnent des épines qu’ils n’arrivent pas à digérer. La seconde : il y a toute une vie à l’intérieur des selles occupée par les insectes comme les scarabées. Alors que je pense voir une énième crotte, je me rends compte qu’elle a des yeux. Ce sont, en fait, trois petites mangoustes naines, assises sur le bas côté de la route, et qui prennent la fuite aussitôt que j’ai dégainé mon téléphone pour faire une photo. Bon en même temps, je les avais pris pour des crottes, y’a de quoi être vexé.

Sur notre droite, nous tombons sur un énorme troupeau d’éléphant de part et d’autre de la rivière. Ils sont une trentaine, bébés et adultes. C’est magnifique de les voir évoluer dans ce milieu, et cette simple phrase ne rend pas grâce à la manière que nos yeux se régalent

Plus loin, en aval du camp Lower Sabie, nous trouvons une grosse gouille, probablement un lac qui s’appelle, après recherche, « sunset ». En premier plan, nous découvrons un tentale ibis, un oiseau aux pattes roses, au long bec jaune et rouge et avec la même configuration de pelage qu’une cigogne avec du blanc et noir, à la différence que le blanc est légèrement teinté de rose, et que le tentale ibis est bien plus petit et dodu.

Après observation et jumelles sur le nez, nous découvrons qu’il ne vaut mieux pas mettre un orteil dans l’eau. Il grouille de croco et d’hippopotame. Les gros reptiles se dorent la pilule sur la rive opposée à la route. J’en profite pour faire le point sur notre itinéraire. Il est déjà 15h00, et cela fait deux heures que nous avons quitté le camp de Skukuza. Le temps nous a filé entre les doigts, nous en sommes surpris. Nous avions regardé l’itinéraire la veille, comme il est conseillé de le faire. Lorsque l’on regarde la carte, les distances paraissent dérisoire. Il est vite arrivé de se faire avoir. D’ailleurs, ce que nous ne savions pas, c’est qu’il est pertinent de réévaluer régulièrement l’itinéraire. Chose faite et gros coup de panique. Selon les distances dans le guide, cela nous donne 4h45 pour 119 kilomètres. A savoir que ces calculs de distance sont fait selon le principe suivant : en conduisant à vingt-cinq kilomètres heure en passant par le chemin le plus court. Cela nous donne de l’espoir de ne pas finir au milieu de la savane avec pour seule compagnie l’obscurité totale.

Clairement, nous accélérons la cadence et \240décidons de s’arrêter le moins possible. Sur les routes dégagées, nous roulons même à soixante au lieu de cinquante (les délinquants), avec le stress coincé entre les tripes et la gorge. Romy ne voit pas la différence, elle s’assoupie malgré les secousses provenant des routes secondaires.

Deux éléments viennent perturber notre route. Le premier, un zèbre, face à nous, au milieu de la route, à qui il manque que la parole. S’il pouvait, il dirait : vous ne passerez pas ! Pas farouche pour deux sous, il finit par partir tranquillement après que nous ayons eu tout le temps de l’admirer.

Le deuxième est un éléphant. Pachyderme isolé, à notre arrivé, il nous présente ses fesses sur le pont qui traverse une rivière qui n’existe qu’au passé. L’animal finit par pousser sa majesté sur le côté et nous pouvons passer dans notre petite Datsun juste à côté de ce grand géant.

Alors que le soleil commence déjà à tirer sa révérence, étirant l’ombre produite par notre véhicule, nous regardons l’horizon qui n’est plus que silhouette. Nous reconnaissons celle du grand koudou avec ses cornes si spécifiques, je grave quelque part cette image dans ma tête.

A 16h45, nous atteignons la grande route proche de Berg-en-Dale, notre camp. Nous avons réussi ! Et plutôt avec de la marge, puisque nous avons mis une heure quarante-cinq, deux heures si nous arrondissons le temps qu’il reste jusqu’aux portes du camp. Pour rappel, le guide écrit annonçait quatre heures quarante-cinq. Comme quoi, en maintenant une vitesse autour des cinquante kilomètres heure et en s’arrêtant un nombre limité de fois, le temps est facilement divisé par deux. C’est bon à savoir.

Nous profitons pour faire une dernière boucle derrière notre camp, un chemin de terre que nous n’avons pas encore parcouru. Nous voyons quelques zèbres, éléphants et des impalas. Nous arrivons aussi à repérer un oiseau et le reconnaître grâce à notre guide : un francolin du natal. Et nous avons le droit à une traversée de « cocochère », comme je les appelais quand j’étais enfant. Les phacochères ont toujours cette habitude de manger avec les pattes avant au sol, cela donne l’impression qu’ils sont en train de prier.

Nous arrivons devant les portes du camp à 17h30, la nuit est proche ! Aujourd’hui, nous avons fait quatre heures de safari/route le matin et quatre heures trente cet après-midi, un total de huit heures trente. Belle performance.

Il nous reste deux barres d’essence, nous en profitons pour faire le plein. C’est réellement un luxe d’avoir une pompe à disposition dans le camp. Le prix de \240l’essence est de 25.75 Rand ce qui correspond à 1,48 CHF. Le plein nous coûte 600 Rand, soit 34,5 CHF. L’employé qui fait le plein s’occupe même de nous laver le pare-brise avant et arrière. C’est sûr que nous verrons peut-être mieux les animaux dès à présent. Nous lui laissons un pourboire. Jusqu’à maintenant, nous avons peu ressenti la pression de l’argent. Les locaux sont polis, bien que j’imagine que c’est exagéré et demandé par les établissements touristiques, et ne sont pas insistants concernant l’argent. Les toilettes que nous avons croisés jusqu’à maintenant sont propres, et il n’y a jamais eu besoin de donner une pièce pour recevoir deux feuilles de papier toilettes.

Nous repartons, la Datsun pleine et propre, jusqu’à notre petite maison. Nous croisons deux animaux qui semblent visiblement rester dans le camp. Nous les identifions comme étant des guibs harnachés.

Romy souhaite absolument aller dans la piscine du camp. Il fait presque entièrement nuit et c’est la dernière chose dont j’ai envie. Nous nous séparons. Pendant qu’Aurélien et Romy vont tester la piscine, je me dirige à pied vers la réception où se trouve le coin « vivant » du parc. Tous les soirs, entre 18h00 et 19h00, ils diffusent un film en plein air, sous les étoiles. Il y a des gradins en pierre et un rétroprojecteur fonctionnel. En ce jeudi soir, nous avons le droit à une histoire sur les lions. À défaut d’en avoir vu jusqu’à maintenant, je les observe à travers les images projetées.

Aurélien et Romy me rejoigne et nous partons manger au même restaurant que la veille, puisqu’il n’y a guère d’autre chose. Et cela va très bien.

Nous retrouvons à la maison vers 20h30. Douche et dodo au programme.

5
Parc national Kruger

Jour 5 - 5 août 2022

Le parc Kruger fait 350 kilomètres de long et 60 kilomètres de large. Il est réputé pour être l’un des meilleurs parcs animaliers au monde. Il a été acclamé pour son engagement dans la protection de la nature, sa gestion professionnelle de la vie sauvage et la protection de l'héritage culturel africain. Au cours des dernières années, les barrières qui séparaient le Parc National du Kruger des réserves avoisinantes ont été supprimées, offrant à la vie sauvage un accès accru aux ressources naturelles tout en offrant aux touristes de plus grandes possibilités d'admirer les animaux. Son nom vient de Paul Kruger, Président de la République du Transvaal, qui en 1898, a établi la réserve du Sabie, car il était très soucieux de la diminution rapide de la vie sauvage dans la nature. Le 1er juillet 1902, James Stevenson-Hamilton originaire d'Ecosse, fut nommé premier gardien de la vie sauvage officiel en Afrique du Sud. Il fut surnommé "Skukuza" (*celui qui balaye et nettoie") en raison de son succès à éliminer le braconnage dans le secteur. Il fait changer le statut de « réserve » à « parc national ». Le camp « Skukuza » est un hommage en sa personne.

La partie sud du parc est réputé pour contenir plus de précipitations, et par conséquent, plus d’animaux. Il contient environ 147 espèces de mammifères, plus de 507 espèces d’oiseaux, 114 espèces de reptiles, 49 espèces de poissons, 34 espèces amphibiennes, 227 espèces de papillons et 336 espèces d’arbre.

Et pour avoir une idée en terme de proportion d’individu, il y a environ 1’700 lions, 120 guépards, 1000 léopards, 120 lycaons, 13’750 éléphants, 3’100 hippopotames, 28’000 zèbres, 15’200 impalas, 8’300 girafes, 37’130 buffles, 5’300 hyènes, 4’000 phacochères et 9’178 gnous.

Voilà pour la présentation du parc national Kruger que je n’avais pas encore eu l’occasion de faire. Si ce nom me parlait déjà beaucoup avant d’y venir, c’est suite aux livres « sapiens » que j’ai lu. Un roman de science-fiction qui parle d’une pandémie de virus régressif qui provoque un retour préhistorique aux espèces touchés. L’origine du virus prend forme au parc national Kruger et sera nommé le « virus Kruger ». Un livre que je recommande !

Nous quittons le camp plus tôt que la veille, il est 6h15. C’est notre dernière journée complète dans le parc Kruger. Nous voyons plusieurs hyènes. Elles sont particulièrement actives le matin. D’habitude, elles sont plutôt effacées et se cachent dans les hautes herbes. Nous avons la chance de voir une maman et son bébé marcher nonchalamment sur la route. Nous sommes la seule voiture et nous les suivons au pas, avec une distance respectable. Le bébé traîne la patte et se retrouve parallèle à la Datsun. C’est incroyable de pouvoir vivre ça. Les hyènes ont un pelage magnifique. Nous les suivons sur plusieurs mètres, puis nous les laissons tranquilles.

Il est 9h30, cela fait trois heures que nous roulons sans grand succès. Un babouin, quelques impalas et zèbres, un éléphant au loin, et ça s’arrête globalement là. Ça fait aussi parti du jeu, puisque nous ne sommes pas dans un zoo. Romy rêve de voir des lions et nous n’en n’avons toujours pas vu un seul. Soudain, nous apercevons au loin une silhouette dressée sur ses pattes au bord de la route. Cela me fait penser à un gros chien d’abord, bien qu’il n’en existe pas, à part le lycaon qui y ressemble, du coup je pars vite sur la piste du félin. Aurélien pense à une lionne, j’y crois assez jusqu’à ce qu’on s’approche. Un léopard ! Un léopard juste devant nous ! Il n’y a aucune autre voiture, nous sommes seuls à nouveau. Le félin aurait pu choisir de rebrousser chemin, mais il passe devant nous, à deux mètres du pare-choc de la Datsun. C’est complètement dingue. Fidèle à sa démarche, le gros chat rase le sol en traversant le bitume. J’ai le temps d’arracher deux photos. En écrivant ça, j’ai encore de la peine à y croire. Nous avons eu une chance incroyable. C’est la preuve ultime qu’il faut juste être au bon endroit, au bon moment. En l’occurrence, nous avons été les seuls témoins de ce petit moment de magie.

Nous repassons du côté du lac où baigne hippopotames et crocodiles. Nous observons les tentales ibis qui, pattes dans l’eau, ouvrent le bec et oscille de gauche à droite en espérant attraper quelque chose. Les hippopotames sont particulièrement actifs, ils courent sur la berge, et replongent dans l’eau pour nager. Ils rejoignent leur congénère avec une vitesse de nage impressionnante. Ils nous font également profiter de leurs grands cris qui résonnent autour de l’eau.

Du côté des oiseaux, je repère des cigognes blanche, et mes préférés : des hérons. Ces profiteurs se hissent sur le dos des hippopotames et naviguent sur le lac de cette manière. De l’extérieur, c’est super drôle à voir. Les hippos sont réduits au niveau de taxi.

Vers 10h40, nous arrivons au camp de Lower Sabie. La vue est absolument magnifique et donne sur la rivière Sabie, comme hier, nous n’apercevons pas spécialement d’animaux, mais le paysage a lui-même vaut son arrêt. Nous mangeons au restaurant qui a la chance d’avoir la terrasse qui donne sur le rivière. Au soleil, il fait même clairement chaud malgré le short et le t-shirt. Je n’ai aucune idée de la température exacte, je dirais en tout cas plus que vingt degrés

A 12h00, nous sommes repartis. Nous rebroussons un bout de chemin en direction du camp de Skukuza en espérant voir des lions, car des gens en ont signaler. Nous n’en verrons aucun.

En revanches, nous nous arrêtons au bord de la route parce que deux voitures y sont arrêtées aussi. C’est souvent le cas. Hier une Jeep s’arrête près de nous pour nous demander ce qu’il y a, j’ai haussé les épaules en disant que je n’en avais pas la moindre idée. Ça a fait beaucoup rire le monsieur. Bref, je vois la nana de devant prendre des photos. Nous ne voyons strictement rien, il y a un buisson devant. Quand elle libère la place, nous avançons et la vue se dégage sur un léopard couché à l’ombre ! Décidément, nous avons terriblement de la chance avec ce félin. Après quelques minutes, il finit même par se lever et se déplacer avant de disparaître dans la végétation. Magnifique !

Au cours de notre route, nous croisons un rapace au bord de la route qui s’envole à notre arrivée. Je l’identifie grâce au guide. C’était un bateleur des savanes.

Nous atterrissons finalement au Crocodile Bridge, un énième camp au sud-est du Kruger. Il est bien moins joli que les deux autres camps que nous avons visités, et il n’y a pas de restaurant. Nous rachetons de l’eau et nous nous mettons en route pour la dernière ligne, pas vraiemnt droite, jusqu’à notre camp.

Sur notre route, nous croisons des girafes, et pour la première fois, nous voyons des girafons ! Je ne me souviens pas d’en avoir déjà vus, c’est assez mignon, juste une version miniature des grands formats.

Dans la catégorie oiseaux, nous voyons pleins de pintade de Numidie qui se promènent à côté des impalas.

Dans une ligne droite, en appuyant un peu sur l’accélérateur, nous freinons d’un coup en apercevant un animal encore inconnu. Un cobe defassa ! Je vous laisserais chercher à quoi cela ressemble, vulgairement ça se placerait dans la catégorie « grande bibiche ». Un animal très beau ! Nous apprenons qu’il y en a 4’900 dans le parc Kruger, et nous n’en avions pas vu avant.

Au milieu du dernier chemin qui mène au camp, nous voyons plusieurs véhicules arrêtés sur le bas côté. Nous découvrons rapidement un rhinocéros et son bébé. Magnifique! Ils se dirigent vers nous et nous pouvons les observer correctement. Nous laissons la place aux autres, et un peu plus loin, nous nous arrêtons à nouveau. Je n’en reviens pas !! Un guépard et ses deux bébés déjà bien grands. Les petits jouent entre eux sous le regard attentif de maman. Il n’y \240qu’environ 120 guépards sur l’entièreté du parc, c’est une chance immense que nous avons et ça, tout proche du Berg-en-Dale.

Nous atteignons notre camp à 17h45. Aujourd’hui, nous avons fait environ dix heures trente de Safari/route, pour un total de 260 kilomètres.

Puisque ce n’est jamais assez, nous sommes assez fous pour réserver encore un tour de nuit en groupe avec un guide. Nous n’avions pas eu l’occasion de faire ce genre d’expérience en Tanzanie.

Le tour démarre à 19h45, ce qui nous laisse le temps d’aller manger et de prendre des habits chauds.

Nous sommes une quinzaine et grimpant dans une Jeep énorme. Il fait frais, sans qu’il ne fasse froid. Des couvertures sont à notre disposition. Dehors, la nuit est entièrement tombée, laissant la place à des milliards d’étoile qui scintillent et la lune qui décroît.

Deux personnes à l’arrière sont chargées de balayer la savane afin d’en révéler ses secrets. Nous voyons des éléphants, des girafes, le rhinocéros et son bébé et des impalas.

Dans les nouveautés : plusieurs « lièvres du buisson », des grysboks de Sharpe qui sont plus petits que des gazelles, une mangouste à queue blanche, une antilope rouanne qui traverse la route et même une civette qui file rapidement.

Toujours aucune trace du roi de la savane.

Je finis le tour emmitouflée dans la couverture. Les températures ont chuté et une petite brise vient soulever mes cheveux. Il est 22h00 lorsque nous atteignons à nouveau le camp, et nous filons dormir.

6
Eswatini

Jour 6 - 6 août 2022

Il est 5h00 lorsque nous nous levons comme des zombies. L’heure de coucher de la veille était déjà plutôt tard, et là, ça devient vraiment dur.

Nous avons réservé un « morning game drive » de 5h30 à 8h30. C’est le même principe que la veille, mais le matin. Cela afin de mettre toutes nos chances de nos côté pour voir plus d’animaux. Les prix étaient plus que corrects, puisque nous avons payé 108.- pour deux adultes et un enfant pour au total, cinq heures de safari avec guide entre hier soir et ce matin.

Nous sommes seuls pour ce tour. Le guide est le même que la veille, il se nomme Rasta. Nous prenons une Jeep bien plus petite que la veille, bien qu’elle soit tout aussi haute.

Il fait encore nuit. Nous tombons sur une chevechette perlée, une petite chouette, perchée sur une branche.

La nuit est vaincue doucement, par traînée de rose jetée à l’horizon. Le tableau est sublime. Le bruit de la nature est saisissant.

Nous avons la chance de pouvoir observer à nouveau des rhinocéros à l’aube de cette journée.

Sur notre gauche, Aurélien pense voir un autre rhinocéros. La couleur y est, mais l’animal n’est pas le bon. Je reconnais tout de suite ses courbes arrondies et sa peau lisse. C’est un hippopotame ! Nous sommes loin de l’eau, c’est pour ça qu’il était difficile à remettre dans ce contexte. Rasta nous explique qu’ils sont très sensibles au soleil, et qu’ils profitent de la nuit pour brouter dans les étendues infinies d’herbe, ce qui les éloigne des points d’eau. Alors que les premiers rayons du jour éclairent le chemin, l’hippopotame rentre en douce, comme un ado qui aurait fait le mur le temps d’une nuit.

En trois heures de safari, nous ne voyons guère plus. A peine un éléphant au loin, une girafe à même distance, et contrairement à la veille aucune hyène. Pas l’ombre d’un lion ou d’un autre gros chat. Nous reconnaissons un oiseau qui ne passe pas inaperçu, un rollier à long brin. Ce dernier est pourvu de plusieurs couleurs qui, mises l’une à côté de l’autre, s’accordent assez mal à première vue. Le résultat est étonnant et donne ce volatile arlequin aux battements d’aile énergique.

Nous décidons de faire un dernier tour jusqu’à Skukuza pour y manger à midi. A l’aller pas grand chose à se mettre sous la dent après presque deux heures de route. L’exception est un énorme vautour sur le haut d’un arbre que nous observons aux jumelles.

Nous mangeons au même restaurant que jeudi et nous profitons encore de leur délicieux filet au poivre. En regardant dans le ciel, nous remarquons que la lune est présente et se distingue très bien malgré que nous soyons au milieu de la journée.

Nous entamons ensuite le chemin du retour afin de sortir sur Malelane gate, la porte où nous étions rentrés quatre jours plus tôt. Nous sommes gâtés avec pleins d’éléphants qui traversent la route, et qui sont accompagnés de tout petits éléphanteaux. Une hyène nous fait l’honneur de sa présence, et même un grand nombre de buffle à plusieurs endroits. Ces derniers se trouvent surtout dans le creux des rivières qui existent lors de la saison humide. Ils sont plusieurs et se reposent au soleil sur des gros rochers. \240Avec les jumelles, lors observation devient agréables et nous pouvons voir les détails leur gueule et surtout de leurs cornes si particulières.

A 13h45, nous sortons officiellement du parc national Kruger et j’avoue que j’ai un petit pincement au cœur.

Notre prochaine étape se trouve à 2h30 de route.

A 14h30, après avoir traversé une petite ville et évité beaucoup de vache, nous arrivons devant une grande arche de béton que nous interprétons comme la frontière, son nom est « Jeppe’s Reef ». Nous voilà à l’aurée du Swaziland, appelé aujourd’hui Eswatini. J’avoue que je ne m’étais pas beaucoup renseignée sur cette partie-là. Pour moi, c’était comme de passer de la France à la Suisse, ou l’inverse. Nous commençons à nous poser de sérieuses questions quand nous lisons qu’il faut présenter un test Covid-19. Oups.

Nous passons un premier guichet où une dame aux lèvres colorées nous tamponne le passeport sans même regarder que ça soit bien nous leur propriétaire. Un garde-frontière nous ouvre une barrière et nous pensons être libre. Erreur. Il y a une deuxième barrière. Nous parquons la Datsun sur le côté et nous nous dirigeons vers le bâtiment marqué d’un « arrivé ».

Poste n°1 : un monsieur assis sur une toute petite chaise, accoudé à une toute petite table, nous demande de confesser notre statut Covid. Dans le doute, nous présentons notre passe Covid suisse. Il se contente simplement de regarder le QR code, comme s’il pouvait le scanner avec ses yeux. Le descriptif n’a pas l’air de l’intéresser, il me laisse passer.

Poste n° 2 : nous remettons les clés du véhicule à un deuxième monsieur, en espérant les récupérer un jour, et redonnant nos passeports. Nous avons droit à un nouveau tampon qui est en fait celui de l’entrée au Swaziland.

Poste n°3 : nous nous faisons refouler, car le monsieur au poste n°2 à oublier de nous donner un papier

Poste n°2 - le retour : nous apercevons le papier en question, notre laisser-passer, qui gît, griffonné de toute part, sur le bloc-note laissé de côté. Le monsieur nous regarde, on le regarde, il nous regarde, on le regarde encore, il lève un sourcil, nous osons un doigt en direction du papier. Son visage s’illumine. Ses lèvres s’étirent. Ses cordes vocales laissent passer un rire. Il grimace en direction de Romy, probablement pour s’excuser, ce qui lui fait plutôt peur. Nous récupérons le papier.

Poste n°3 version 2.0 : pas de cash, seulement avec carte de débit ou carte de crédit. Voilà ce qu’indique le panneau qui se trouve à côté d’un étalage de préservatif, offert par la maison. Au moment où j’écris ça, je cherche encore le lien. Le troisième poste est synonyme de caisse. Avec notre précieux papier et le tampon dans nos passeports, nous avons gagné le droit de payer. Nous nous acquittons de la somme de 100 rands, soit 6 CHF comme taxe pour faire passer la Datsun d’un pays à l’autre.

La barrière s’ouvre devant nous, nous avons réussi ! Je ne m’attendais pas vraiment à ça. Je tiens à préciser que durant toute cette valse, les employés ont été particulièrement gentils et avenants. Toute cette organisation vaut le détour.

Les paysages ne changent guère pour le moment de l’autre côté de la frontière. En revanches, nous sommes vite calmés par nos vieux amis, les muertos, alias les dos d’âne. Au moment de relever la tête, je n’ai pas le temps de crier, que la voiture décolle et ma ceinture me plaque contre le siège me coupant momentanément la respiration. La Datsun retombe dans un bruit sourd. Tout va bien, l’allure est ralentie pour la suite et les yeux sont grands ouverts. Il faut attendre plusieurs dizaine de kilomètres avant de voir un premier panneau de vitesse. Les villages s’étirent et il est difficile de dire là où ils commencent et là où ils prennent fin.

La topographie est plutôt surprenante pour deux touristes comme nous, non renseignés. Il y a beaucoup de relief. Tout autour de nous, à l’horizon, il y a de haute montagne. Je ne sais pas à quelle altitude nous sommes, mais j’ai l’impression que c’est plus haut que l’Afrique du Sud au vue de la chute de température. Nous montons et descendons au fil de la route, tantôt des virages à gauche, tantôt des virages à droite.

Clairement il y a une régression de la modernité en changeant de pays. Ici, nous retrouvons plus facilement des villages africains typiques. Au bord de la route, vaquent chèvres et vaches, tandis que les femmes portent des objets sur la tête, et les enfants jouent entre-eux avec des habits dépareillés. Lorsque Romy nous demande s’ils ont « Netflix » ici, je me dis qu’elle n’a pas encore toutes les connexions… autant qu’au Swaziland on dira.

Nous tombons sur deux grosses usines à bois. Elles sont impressionnantes. Tout autour, il y a des forêts compacts. Nous pouvons observer à plusieurs endroits des zones de déforestation. C’est comme une part coupé au milieu du gâteau. Net et définitif.

La route est bien plus longue que prévue. Nous n’avions pas anticipé l’environnement et maintenant nous pouvons affirmer que la Datsun ne tient pas la route quand ça monte, ce qui rallonge le trajet, sans parler du stop à la douane.

Nous arrivons finalement à 17h10, après 3h15 au lieu de 2h30 de temps de trajet. L’endroit est magnifique. Ce sont de petites lodges au milieu d’un grand terrain peuplé d’un paon et d’une piscine entourée de rocher. Le cadre est splendide. Normalement, nous aurions dû arriver plus tôt, mais nous avons choisi de profiter un peu plus longtemps du parc Kruger.

La nuit est tombée, le soleil est parti se cacher derrière les montagnes. Nous reprenons la voiture pour aller chercher à manger. Au plus proche, il y a « Spur », une chaîne de burger & grill. Nous ne cherchons pas plus loin, bien qu’Aurélien et moi commençons à en avoir marre de cette nourriture.

A 20h15, nous sommes de retour et profitons pour nous coucher tôt.

Jour 7 - 7 août 2022

A 8h00, nous nous faisons réveillés par le bruit de la porte. Une dame vient nous apporter le petit déjeuner dans notre grande chambre. Il n’est pas incroyable, mais à le mérite de faire le job. Cette longue nuit de sommeil nous a fait le plus grand bien, étant donné que ça fait plusieurs jours que nous nous levons entre cinq et six heures.

Nous rassemblons nos affaires et faisons encore une fois le tour du domaine qui est vraiment magnifique et bien entretenu. Il y a un « jardinier » qui s’est même occupé de laver notre voiture, qui en avait bien besoin après son séjour au parc Kruger.

L’Eswatini est un pays extrêmement pauvre, bien plus que l’Afrique du Sud. Les habitants vivent avec une moyenne de deux dollars par jour. En quittant les lodges, nous découvrons des petites maisons faites de pierre et de terre, d’autres juste construites en tôle. Romy regarde ça avec des yeux ronds. Les villes et villages sont particulièrement encombrés de détritus sur les sols, ce qui est bien dommage lorsque nous regardons la beauté des paysages environnants.

Nous découvrons un élément de modernité avec quelques lampadaires qui sont équipés d’énormes panneaux solaires. Nous faisons un détour pour nous rendre au « Swazi candles », un magasin de bougie réputé. Le chemin qui y mène est tout de terre vêtu. Au bout, quelques petites boutiques qui tiennent debout par miracle et un petit marché à ciel ouvert. Les bougies ont des formes : éléphants, rhinocéros, hippopotames et même une pintade ! Nous avons même l’occasion de voir un employé façonné un éléphant. L’homme a la couleur de l’ébène, parle français et discute avec Romy. Il sort, d’un tiroir chauffant, un bout de cire qu’il lui tend. T-shirt adidas, un tablier en vieux jeans, des sandales découvrant des pieds aux ongles longs et une boule de cire entre les mains. En moins de dix minutes, un éléphant apparaît, terriblement ressemblant et bien fait. Nous faisons quelques emplettes avant de repartir, il est 11h15. À la sortie de la boutique, il y a de nouveau un étalage de préservatif offert, à la fraise cette fois.

L’Eswatini étant un pays très petit, les choses à faire sont plutôt limitées, et plutôt orientées nature. Il y a le « Mlilwane Wildlife Sanctuary », une réserve qui ne contient pas les « Big 5 » et qui permet \240aux visiteurs de se promener à pied. Il est souvent plus difficile de voir des animaux, car des humains à pied leur font plus peur que dans l’habitacle d’une voiture. Ayant misé sur le Kruger, nous n’avons pas réservé de temps pour visiter ce sanctuaire. Il y a également un villlage traditionnel swazi reconstruit avec des démonstrations de danse. C’était un choix de ne pas aller le visiter. Ce genre d’activité est très touristique d’autant plus qu’il n’existe plus ce genre de village aujourd’hui. Mise à part ça, il y a quelques randonnées à gauche et à droite. Une réserve également qui ont réintroduit des lions, mais qui ont de très mauvais commentaires concernant l’entretien.

Avec tout ça, nous avons décidé de poursuivre notre « road trip » en absorbant un maximum de paysage et en roulant en direction de notre prochaine étape. Le GPS parle de 360 kilomètres en 4h50.

Un petit peu d’histoire et coutume… Le Swaziland s’appelle maintenant l’Eswatini. En effet, pour les cinquante ans de son indépendance en 2018, le Swazilnd a repris son nom originel eSwatini, "le pays des Swazis". « Swaziland » était son nom colonial. Ce pays est une monarchie absolue, dirigée par un roi, « King Mswati III », aussi surnommé « The Lion », et la reine mère Ntfomb, connue aussi sous le nom de « Great She Elephant ». Je ne ferais aucun commentaire sur leur surnom je crois que ça parle tout seul. Nous avons déjà vu plusieurs fois leurs têtes, puisqu’elles sont affichées à de nombreux endroit : restaurant, hôtel ou encore magasin. Tout ça pour dire que c’est la dernière monarchie de tout le continent.

N’empêche qu’ici, si tu veux acheter un bout de terre (je suis sûre que ça va en intéressé plus d’un), il faut payer le chef du village en… vache ! Et apparement, une \240vache aurait une valeur de 500 USD ! Si jamais quelqu’un est intéressé pour épouser une princesse, apparemment il faut revoir son parc à vache, car elle peut en valoir jusqu’à trois cent vaches la princesse. Ça fait cher l’histoire. C’est sur cette introduction que je vais enchaîné. quelques « fun facts ». Même petit, le plus petit pays d’Afrique, il fait parler de lui.

1. Les conditions de route sont si dures, que deux des quatre derniers ministres des transports sont décédés d’un accident de la route.

2. En 2006, l’Union européenne a banni six compagnies aériennes du Swaziland afin d’améliorer la sécurité aérienne.

3. Les rangers des parcs et réserves sont autorisés de tuer toute personne suspectée de braconnage. La loi du Swaziland les protège de toute poursuite.

4. Le parc national Hlane Royal contient la plus grande population de nid de vautour de l’Afrique.

5. Les montagnes présentes dans la réserve Malolotja sont les plus vieilles du monde avec un jeune âge de 3,6 milliards d’année.

6. Les gens atteint d’albinisme sont chassés comme des animaux et tués dans un rituel. Leurs parties du corps pouvaient être utilisées dans la sorcellerie. En 2013, certains candidats aux élections ont utilisé ces parties du corps comme porte-bonheur. Les personnes atteintes d’épilepsie sont également des cibles. La police détient une liste afin de pouvoir les protéger.

7. Le Swaziland prône la polygamie. Il est de coutume que les rois ne dévoilent pas le nombre exact de ses femmes. Il semblerait que le roi Sobhuza II ait eu septante femmes et plus de six cents enfants dont cent fils.

8. La première femme du roi fait partie intégrante de la famille royale et est une extension du roi. Elle est interdite d’avoir des enfants

9. Sept personnes sur dix souffrent de pauvreté sévère et le pays souffre de malnutrition sévère.

10. Le Swaziland a dépassé le Botswana en ayant le plus haut taux de prévalence du monde 210’000 personnes sur une population de 1,2 millions. 27.73% habitants vivent avec le HIV ou AIDS. Je comprends mieux l’histoire des préservatifs.

11. Environ 7’000 Swazis décèdent du HIV chaque année, c’est 600% de plus que la moyenne mondiale \240(1,000 morts par année)

12. Environ 70’000 enfants sont orphelins à cause du HIV. Un enfant sur six de moins de quinze ans aurait perdu ses deux parents du virus

13. Avant l’âge de trois mois, les enfants ne sont pas reconnus comme tels. Ils sont considérés comme des « choses », n’ont pas de prénom, et n’ont pas le droit d’être touchés par des hommes.

14. En 2010, un garçon de douze ans a été envoyé à l’établissement de correction des enfants pour avoir insulté sa grand-mère n’avoir pas payé son amende de quarante dollars.


A 12h30, nous atteignons la douane « Sandland Border ». Autant la première était fortement peuplée, autant celle-ci est déserte. Même combat ici, nous passons à des guichets de part et d’autre, et nos passeports se font encrer à chaque fois. Les gens sont toujours particulièrement gentils, c’est agréable, l’atmosphère est légère.

Nous croisons un premier petit village peu après la douane, du côté de l’Afrique du Sud, et après, plus rien. Nous traversons des routes entières, presque seuls. Des champs à perte de vue, quelques maisons isolées, quelques vaches et ça s’arrête là.

A 13h50, nous croisons enfin une station service afin de nous permettre de manger une morce. Aurélien et Romy commande une pizza. Le service est si lent que nous repartons une heure après. Quoiqu’on en dise, les toilettes dans ce pays sont toujours nickels jusqu’à maintenant. Propres, avec du papiers et même du savon. Même en Suisse je ne peux pas en dire toujours autant.

Je reprends la route après la pause repas. Nous traversons une petite ville. Je suis toujours peu en confiance à ce moment-là. Les feux ne sont pas toujours explicites et il y a des spécialités africaines. Comme les stops. Sur une route, nous faisons littéralement huit stops distancés chacun de 120 mètres, véridique. Ils sont spécialistes des carrefours à quatre stops. La règle : c’est celui qui a les plus grosses qui passent en premier. Faut juste se lancer et montrer qui est le patron. Dans la loi, ça doit être écrit un truc comme ça.

La suite de la route s’effectue sur l’autoroute à 120km/h, avec les autres véhicules en sens inverse sans séparation. \240Ici les routes sont bien entretenues, pas de nid de poule, pas d’animaux, parfois des gens qui font un jogging ou du vélo et quelques voitures abandonnées sur le bas-côté. A part ça, tout va bien. Je dois avouer que les locaux conduisent très bien. Il y a une sorte de bande d’arrêt d’urgence et les camions, ainsi que les véhicules les plus lents, se poussent naturellement dessus pour laisser les plus rapides passer. En principe, il y a qu’une seule voie, et par longue intermittence, une deuxième voie se rajoute. Il n’y a pas d’utilisation abusive de la voie de droite (oui, on roule à gauche et dépasse à droite), comme on en voit constamment en Suisse et alentours. Ça roule vite, bien et propre. L’autoroute est suffisamment large pour qu’un côté ou l’autre se pousse pour laisser la voiture qui arrive en frontale dépasser sans accident. Les lignes blanches, c’est surfait, après tout, c’estdu béton et çaroule. Une belle harmonie.

En partant de la station d’essence, il nous restait trois barres du précieux fluide. A la question « T’es sûr que ça suffit ? », Aurélien me répond « T’inquiète ». J’aurais peut-être dû. Après plus d’une heure et demi de route, et après avoir signalé déjà deux fois que nous n’avions plus que deux barre, notre Datsun se met à clignoter comme un sapin de noël. Oups. \24038 kilomètres restant. Alors que nous avons passé un péage dix minutes plus tôt, Aurélien me dit qu’il faut revenir en arrière, dans l’idéal un petit demi-tour. Non, nous ne ferons pas demi-tour à 120km/h sur l’autoroute, même en Afrique. \240La prochaine sortie est encore loin, mais nous n’avons pas le choix. Je me cale à 80 km/h, collée entre la limite du bitume et de l’herbe, derrière un gros camion. Aurélien est prêt à activer les warnings si la voiture décède, tandis que les voitures nous frôlent à droite. Le GPS indique 17 kilomètres. Alors que la Datsun oscille entre 21 et 30 kilomètres, je sers les fesses et arrête de respirer. Ce qui ne sert bien évidemment à rien. Nous prenons la sortie d’autoroute et repartons dans l’autre sens. Alors qu’il reste 22 kilomètres selon l’indicateur de la voiture, ça passe à rien, juste des petits traits droits. Le stress monte d’un cran et mes mains se resserrent sur le volant. Quatre kilomètres jusqu’à la sortie d’autoroute, six kilomètres et demi jusqu’à la station. Trois kilomètres, les dents sont serrés aussi. Deux kilomètres, et nous prions le ciel pour arriver au moins à sortir de l’autoroute. Un kilomètre, on y croit vraiment, et on se dit qu’on est quand même pas doué. Nous sortons de l’autoroute, respirons mieux et envisageons le trajet restant à pied. Deux kilomètres jusqu’à la station, nous sommes coincées entre deux bidonvilles. Un kilomètre, nous apercevons les pompes. Nous y sommes ! La Datsun a tenue la route, un petit miracle. Nous respirons mieux. Alors que nous nous en étions remis au ciel et avons accepté notre sort, Romy a emmagasiné le stress et pleure un bon coup.

Tout est bien qui finit bien, même si nous aurions pu éviter cette partie-là. Jusqu’à maintenant, nous n’avions eu aucun problème pour trouver de l’essence. \240J’ai lu beaucoup de chose à ce sujet qui disait que nous pouvions être tranquille là-dessus. Je rajouterais, attention quand même aux longues distance surtout sur l’autoroute ! Ça nous aura servi de leçon, et cela fait parti des aléas d’un voyage lorsque nous ne connaissons pas le pays.

Il est 16h50 lorsque nous reprenons la route dans le bon sens. Le soleil descend à l’horizon, nous faisons profiter de son dégradé jaune, orange et rouge. La boule est derrière la ville, au loin, laissant apparaître des gratte-ciel. Une image saisissante. Avec tout ça, nous avons pris du retard et allons arriver en début de nuit.

Nous arrivons finalement vers 18h00, quelques part entre les derniers rayons du soleil. Le GPS tournait en rond autour de l’aéroport pendant vingt minutes, heureusement que nous ne l’avons pas écouté, nous avons gagné un temps précieux.

Je suis étonnée de constater que l’arrivée à l’aéroport est extrêmement bien indiquée. Nous trouvons avec une grande facilité l’endroit où nous devons nous arrêter. Je suis aussi surprise de l’attention qu’ils prêtent au retour de la voiture. Clairement, sur d’autres voitures que nous avons louées, ils ne se sont pas donné autant de peine. C’est le moment de faire les comptes *roulement de tambour*, nous avons parcouru 1’728 kilomètres en cinq jours !

Nous apprenons, en voulant prendre un taxi, qu’il existe des navettes qui vont gratuitement à notre hôtel. Nous sommes dans le même que la première nuit, le Premier Hotel O.R. Le premier soir, nous avions la voiture, ce qui n’est plus le cas maintenant. Nous nous perdons un peu à la sortie de l’aéroport. Nous demandons notre chemin et là encore, nous sommes ravis de l’accueil que nous avons. Les gens sont extrêmement sympa, avenants et la plupart interagisse beaucoup avec Romy en lui parlant (elle ne comprend rien) et en lui faisant des checks. Personne essaye de nous vendre des trucs, de nous sauter dessus pour des taxis, des excursions et j’en passe. C’est vraiment agréable.

Nous arrivons finalement à l’hôtel. Ils n’ont pas d’enregistrement à mon nom. Je passe par booking depuis des années, je n’ai jamais eu ce genre de soucis. Enfin bref, elle prend une autre chambre et nous ne payons rien de plus. C’est la même chose que la dernière fois, Romy dort avec nous.

Nous partons manger au buffet, retrouvés des légumes, puis après un verre au bar, un appel à la grand-maman de Romy, et une actualisation du journal grâce au wifi, nous allons nous coucher.

La douane


7
Whale Cove

Jour 8 - 8 août 2022

Décidément le mot « vacances » n’est pas le même pour tout le monde. Un réveil à 4h20 ne semble pas correspondre à cette définition.

A 5h00, la navette ultra-efficace de l’hôtel passe nous prendre pour nous déposer devant l’aéroport. Nous venons de dépasser la moitié de nos vacances. Pour cette deuxième partie, nous changeons de cap. C’est le cas de le dire puisque nous nous rendons à Cap Town, une grande ville au sud-ouest de l’Afrique du Sud. Le pays est bien trop grand en deux semaines pour le parcourir uniquement en voiture.

Nous enregistrons nos sacs à dos, passons la sécurité et tout se déroule à merveille. Juste après, Aurélien se fait embarquer par un jeune au dynamisme contagieux. Je cris à l’arnaque, mais il est déjà parti. Ils proposent un service de nettoyage de chaussure. Aurélien est déjà installé dans un fauteuil, quand Romy se fait attraper à son tour. Je refuse jusqu’au bout, mais il déballe son chenit devant moi. Je ferais avec ! Nous leur donnons plus qu’un pourboire et partons prendre un petit-déjeuner.

L’aéroport et les avions sont aussi modernes que pourraient l’être ceux présents en Europe. Rien à voir avec notre expérience en Tanzanie où c’était vraiment craignos.

Nous voyageons avec FlySafair qui assure, entre autre, les vols domestiques. Pas besoin de masque durant le vol, c’est très agréable. L’avion quitte le tarmac de Johannesburg à 7h30 pour atterrir deux heures plus tard à destination. Nous récupérons les sacs à dos et allons changer les euros que nous avons pris. Nous changeons au fur et à mesure pour ne pas se retrouver avec un surplus d’argent local à la fin du voyage.

Dernière étape : récupérer la voiture de location auprès de la compagnie « Budget », réservé via RentalCar. Petit coup de stress lorsqu’elle ne trouve pas la réservation. Nous étions prêts à en refaire une autre, quand on essaie avec le nom d’Aurélien… ça avait été réservé à son nom, et le plus grave, je ne m’en souvenais même pas ! De mieux en mieux.

Enfin bref, avec un fil de wifi dans l’air, nous réservons une excursion pour demain avant d’aller chercher notre bolide. J’avoue que nous sommes un peu à l’arrache. Il faut savoir que lorsque nous sommes partis, une semaine plus tôt, pour \240Johannesburg, nous n’avions pas encore réservé la deuxième semaine. Et là, j’ai réservé encore hier soir un hôtel pour la fin de la semaine. Nous y arrivons doucement. Sans wifi, ça devient compliqué de s’organiser correctement.

Nous récupérons notre Renault Kwid, au teint gris souris et aux sièges noirs et rouges. La voiture semble encore plus moderne que celle que nous avons eu la semaine passée, il y a même une caméra de recul.

Nous quittons Cap Town en direction du Sud, sur une péninsule, direction Simon’s Town. Nous nous rendons rapidement compte que tout est différent par rapport à ce que nous venons de quitter. La circulation est plus dense et plus pressée, les bouchons plus réguliers. Un bidonville disparaît derrière nous et après, nous ne reconnaissons plus rien. A nos côtés, à porter de roue, l’océan. Immense, infini, un bleu qui se dégrade en plusieurs nuances et des vagues qui s’écrasent sur les plages. C’est inattendu, et d’une beauté à couper le souffle. L’idée de venir de ce côté du pays, et de prendre un vol interne, est venu une semaine avant notre départ. La décision s’est prise pour une raison précise qui se révèlera dans les prochains jours. Par conséquent, je n’avais absolument pas pris le temps de regarder où nous allions mettre les pieds et de regarder des photos via internet. \240Des montagnes bordent le demi-cercle ouvert que forme l’océan. Beaucoup de maison sont construites sur les hauteurs, seuls éléments qui diminuent la beauté de ce paysage de carte postale.

Les gens qui vivent par là ont de l’argent et ça se ressent dans l’architecture et les infrastructures. J’ai l’impression que nous avons changé de pays. Il y a des palmiers à intervalle régulier, et je me laisse à superposer l’espace d’un instant ces petites villes à celles du Tessin. L’océan versus le lac majeur. L’endroit est bien plus touristique également.

A midi, nous arrivons à Boulders Beach. L’entrée coûte 425 rands, ce qui correspond à 26 CHF (170 par adulte et 85 pour un enfant). Nous rentrons rapidement dans le vif du sujet lorsque je vois une dame qui prend une photo dans un buisson. Un pingouin d’Afrique du Sud avec ses bébés encore tout duveteux. Ce n’est pas n’importe quelle plage ici, c’est la plage où une colonie de pingouin à décider de s’établir ! Dès le parking, nous sommes tout de suite mis dans l’ambiance puisque partout, il y a des panneaux indiquant de bien regarder sous la voiture en partant.

Nous marchons sur un pont en bois, bordé de végétation. Par intermittence, nous apercevons l’océan. C’est magnifique. Tout le long du chemin, des pingouins sont cachés dans les buissons. Nous voyons même des œufs.

L’entrée de la plage s’effectue un peu plus loin, où nous validons nos tickets. Le pont de bois se poursuit jusqu’à la plage. La colonie est impressionnante ! Ils sont présents par centaine, certains planqués dans des trous creusés dans le sable, d’autres se laissant porter par les vagues et les derniers qui se déplace avec leur démarche d’un enfant de deux ans qui a bu un verre de trop à l’apéro. C’est chouette de pouvoir les observer dans leur milieu naturel et d’en apprendre plus sur eux.


Penguin fact


1. Les pingouins d’Afrique sont sur la liste rouge des espèces en danger d’extinction.

2. Les pingouins d’Afrique sont endémiques de l’Afrique du Sud.

3. Entre 1850 - 1900, ils étaient estimés à quatre millions d’individu. En 1930, il en restait plus qu’un million et demi \240pour se dégrader à cinquante-cinq milles en 2010 et dégringoler encore à \240vingt-trois milles en 2012. Ça fait soucis.

4. Leurs ennemis dans l’océan sont les requins, otaries et orques. Sur la terre, les mangoustes, les chiens, les chats et les goélands qui volent leurs œufs.

5. Leur couleur n’est pas dû aux hasards. Elles ont une place importante dans leur chance de survie. Le blanc, contre les prédateurs sous l’eau qui regarde en direction de la surface, et le noir, pour ceux qui regardent en direction du fond. Les couleurs se confondent avec l’environnement.

6. Ils peuvent nager à une vitesse de sept kilomètre par heure, rester plus de deux minutes et demi sous l’eau et descendre jusqu’à cent trente mètres de profondeur.

7. Les causes de leur presque-extinction \240sont celles classiques : diminution de leur nourriture en lien avec la pêche industrielle en masse, la pollution des eaux, destruction de leur habitat dû à l’urbanisation, et le réchauffement climatique.

8. La femelle pond en principe deux œufs. Leur incubation dure entre trente-huit et quarante-deux jours. Une fois éclo, les bébés doivent attendre trois semaines pour pouvoir marcher. Ils seront ensuite nourris durant trois mois par ses parents. Ils se relaient avec d’autres pingouins comme une garderie pour protéger les bébés des prédateurs. Pour finir, ils gardent leur duvet de bébé jusqu’à l’âge d’un an à un an et demi.

9. Ils ont une très bonne vue sous l’eau et sont presque aveugles sur terre.

Plusieurs efforts ont été réalisés dans le but de préserver cette espèce de pingouins, notamment des endroits pour mettre leurs œufs à l’abri des prédateurs, des zones de pêche interdite et une protection active des colonies actuelles.

J’avoue que je suis un peu surprise de voir tous ces chiffres sur la diminution impressionnante du nombre de pingouins d’Afrique. C’est là que les conséquences des éléments mentionnés plus haut apparaissent aussi clairement.

Nous restons une bonne heure à cet endroit plutôt atypique. Je suis ravie d’avoir appris pleins de trucs sur ces drôles d’oiseaux. Au-delà des animaux, la plage en elle-même vaut vraiment le détour. Le sable blanc fin, des gros cailloux qui contraste avec le bleu saisissant de l’océan et les montagnes tout autour, magique. En revanches, l’endroit est très touristique et clairement il y avait trop de monde pour que ça soit agréable. Heureusement, le pont en bois permet d’éviter les vibrations aux petits habitants de la Boulders Beach. Nous terminons à la boutique, où Aurélien nous achète de magnifiques chaussettes pingouins.

Nous repartons en direction du Cap de Bonne Espérance. La route étroite aux petits virages est sublime. Arrivés devant le parc national, nous faisons demi-tour en constatant que c’est payant. Pour nous trois, cela reviendrait à l’équivalent de 54CHF. Nous pouvons mettre le prix, mais savons que nous n’avons pas beaucoup de temps cet après-midi. Nous reportons la visite. Nous faisons un stop photo. Tout le long de la route, il y a plusieurs endroits où s’arrêter pour admirer la vue. À faire absolument.

Il est dans les environs de 14h00 lorsque nous nous arrêtons pour manger, dans un restaurant désert d’un club de golf. Je suis ravie de mon plat qui contient un bon nombre de légume. Je suis surprise de voir que les prix sont bien moins cher que ce que nous avons eu jusqu’à maintenant, pour le même style de plat que d’habitude. 280 rands, soit 17.- pour trois repas adulte et trois boissons.

Nous partons en direction de la côte à l’est de notre emplacement actuel. 2h20 annonce le GPS. La route est encombrée comme jamais on l’a vu jusqu’à maintenant. Un accident, des contrôles de police, une ambulance qui évacue un bébé allongé au sol, c’est un peu la foire à la saucisse. Le trajet est prolongé. Nous longeons l’océan à plus ou moins longue distance de l’eau. Alors que j’ai le sourire aux lèvres et que je suis contente de tous ces beaux paysages, je suis frappée par la vision des bidonvilles à notre gauche. Il y en a pleins, à plusieurs endroits. Juste des bouts de tôle qui forme une maison. L’un d’entre eux me choque particulièrement. La route surplombe un immense bidonville, quand je dis immense, ce n’est pas assez représentatif en fait. Je n’arrive même pas à en distinguer la fin à l’horizon. Il y a des milliers de petits maisons faits avec les moyens du bord. C’est bouleversant. Mon cerveau a de la peine à interpréter ce que mes yeux voient. J’ai l’impression d’être dans un film. Juste en face, l’océan. Magique, sauvage, insaisissable. Deux côtés de la route, deux mondes différents. Je n’ai jamais vu un truc pareil. Je m’imagine vivre ici, dans une jolie maison, et tous les jours, devoir passer devant ça. Je ne pense pas que j’en serais capable, d’être juste spectatrice d’un tel désastre. Et soyons honnête, dans ces bidonvilles, il n’y a que des personnes ayant la peau noire, aucun blanc. Les temps ont peu changé.

Nous arrivons à 17h10 à destination. Après avoir passé l’euphorie autour de Cap Town, le reste du trajet se passe de manière plus fluide. Nous avons loué un appartement pour les deux prochaines nuits, le « View at Whale Cove », à De Kelders. Nous récupérons les clés et découvrons notre logement. Incroyable. Au rez-de-chaussée, un long couloir débouche sur une petite cuisine et un salon avec un canapé gris, de gros coussins moelleux et une couverture posée de travers. Une TV posée sur son meuble et une décoration légère sur le thème marin viennent compléter la pièce. Deux chambres, dont l’une possède une extension avec salle d’eau et WC. Il y a encore une pièce avec baignoire et WC séparés. Et le clou du spectacle : une vue incroyable sur l’océan Atlantique avec un petit jardin, une table et un barbecue qui borde le salon et la « suite parentale ». Le soleil se couche à l’horizon. Malgré les nuages, la vue est belle. L’appartement nous revient à septante francs la nuit. Très bon marché pour la région et surtout pour la qualité.

Nous nous installons et laissons la nuit tombée. Nous fixons l’eau régulièrement, et voyons ses bateaux disparaître un à un. C’est Romy qui remarque quelque chose. Alors que la lumière décline de plus en plus, nous prenons les jumelles. Une baleine ! Nous apercevons que quelques morceaux de son corps, et cela suffit pour la reconnaître. Incroyable, magique. Nous somme sur notre petite terrasse et nous pouvons observer une baleine. C’est impensable ! Nous regardons le spectacle qu’elle veut bien nous offrir, jusqu’à ce que nos yeux brûlent dû à l’obscurité. Ce sont elles la raison de notre présence. Toute la côte est réputée pour l’observation de ces mammifères marins.

Nous partons vers 19h00 trouver un restaurant. Nous nous rendons à \240Gansbaai, une petite ville à cinq minutes en voiture. Clairement, il n’y a pas foule. Nous trouvons un restaurant ouvert, mais complet, des restaurants fermés et un bar-restaurant, vide, interdit au moins de dix-huit ans. Nous finissons par prendre quelque chose au supermarché pour grignoter. On a mangé tellement tard à midi que je n’ai pas plus faim. Je me contente de quelques fruits.

Nous profitons de la bonne connexion au wifi pour organiser un peu plus de chose pour les prochains jours. Affaire à suivre.

8
Cap des Aiguilles

Jour 9 - 9 août 2022

Nous nous réveillons tranquillement à 8h00 avec la vue sur l’océan…. Ah non. Pas du tout. Je suis surprise de constater que la brume a mis un voile au-dessus de l’eau, et nous distinguons juste les rochers au bord de l’océan Atlantique.

Nous quittons l’appartement à 9h00, et nous nous retrouvons dix minutes plus tard à la « Great White House » à Kleinbaai. Fini les grands trajets, j’ai choisi un endroit stratégique pour les prochains jours. La « Great White House » abrite un restaurant et surtout les entreprises « Dyer Island Cruises » et « Marine Dynamics ». C’est grâce à eux que nous allons pouvoir passer une incroyable matinée.

Café, thé et muffins, nous sommes les bienvenues. Nous prenons place sur les chaises rangées en ligne devant une télévision. Nous recevons les explications concernant le déroulement de la matinée avec un bon nombre d’informations sur la faune.

Ce matin, nous allons essayer de voir les « big 5 marins », soit le dauphin, la baleine, le phoque, le requin et le pingouin d’Afrique. Même concept que lors d’un safari, rien n’est jamais garanti, cela reste la vie sauvage.

Nous embarquons à 10h00 à bord du DreamCatcher, une fois équipé de gilet de sauvetage et d’un ciré orange. Notre look vaut le détour. Le ciel est couvert, mais l’horizon est dégagée. Le bateau possède deux étages, nous restons en bas et cela nous permet d’être à l’abri du vent que provoque la vitesse de l’embarcation. Rapidement, nous pouvons observer un phoque qui nage non loin de nous. Il disparaît. L’eau est plutôt calme aujourd’hui, ce qui annonce de bonnes conditions pour la suite. J’admire cette étendue à perte de vue. L’océan a \240quelque chose de fascinant. J’envie les oiseaux qui volent librement et flirtent avec la surface de l’eau.

Nous sommes dans la bonne période pour observer les baleines. Elle s’étend de juin à novembre, là où elles viennent mettre bas au bord des côtes. Malgré cela, il faut parfois du temps pour en trouver. C’est ce que nous faisons, à guetter l’océan. Aucune turbulence ne peut nous échapper. Tout le « DreamCatcher » retient son souffle. Nous en apercevons une au loin, mais nous ne retrouvons pas sa trace. La guide finit par nous dire que si quelqu’un parle la baleine, ça serait bien de se manifester. Après un long moment de recherche, ça y est ! Nos yeux émerveillés voient de l’eau gicler dans le ciel. Deux baleines à bosse ! Nous les suivons à distance, moteur à bas régime. Elles suivent le bateau et ressortent par intermittence pour notre plus grand plaisir. Si j’ai choisi cette entreprise, c’est principalement pour son respect envers l’environnement et le bien-être des animaux. La guide, une biologiste, s’occupe de nous apprendre un maximum de chose sur la faune marine. Les baleines changent une fois de direction, le bateau suit. Lorsqu’elles changent une deuxième fois de direction, le bateau abandonne. C’est ça que j’apprécie particulièrement. Parfois les baleines aiment jouer avec les bateaux, et s’exposent en sautant dans tous les sens. Celles que nous croisons ne souhaitent pas cette interaction, et leur souhait est respecté, c’est ce qui fait toute la différence. Faire du forcing comme l’année passée en Tanzanie avec les dauphins, plus jamais.

Nous mettons le cap sur des rochers au milieu de l’océan. Et pas n’importe quels rochers, des rochers remplis de six milles phoques ! C’est impressionnant. Une partie se trouve perché et se fondent dans la roche avec leur couleur. Ils font un sacré bazar en termes de bruit. Difficile à décrire, je dirais que c’est fort et plaintif. J’apprends plus tard que l’île s’appelle : Geyser Rock.

Deuxième arrêts sur une île : la Dyer Island. C’est elle qui a donné son nom à l’entreprise. L’île n’est pas habitée, elle est au milieu de l’océan, au large des côtes. Elle accueille une grande variété d’oiseaux, dont les pingouins africains ! Nous pouvons les observer depuis le bateau, même s’ils sont difficiles à voir parmis tous les autres oiseaux. « Marine Dynamics » est très active sur cet île, dans la préservation des espèces, particulièrement les pingouins.

Prochaine étape : nous partons observer les requins blancs, sur la « route des requins ». Pourquoi ce nom ? Car se sont les alentours proches des rochers où sont les phoques, et que ces derniers sont le repas préférés des super-prédateurs.

Incroyable ! L’eau est suffisamment claire pour que nous les observions à la surface de l’eau. Je suis tellement absorbée et fascinée que j’en oublie d’en faire des photos. Aurélien sera plus lucide que moi. Ils dégagent une tranquillité redoutable et imposent le respect. Je pourrais les regarder durant des heures. Nous avons l’immense surprise de voir une raie, de taille importante, bien que moins impressionnante que sa cousine la menta, qui vient lécher la surface de l’eau. Waouh. Juste un rappel pour nous dire que les limites ne s’arrêtent pas aux Big 5. Je suis absoluement ravie par ce moment.

En repartant en direction de la côte, nous avons l’immense chance de pouvoir observer deux dauphins, ce qui complète la liste des cinq animaux à voir aujourd’hui. L’espèce de ces deux mammifères sont en voie d’extinction, et sont très dures à voir.

Nous touchons terre après midi, les étoiles pleins les yeux. Nous sommes accueillis par une soupe qui est la bienvenue au vue des températures extérieures. Nous complétons la suite du repas au restaurant de la « Great White House ». Squelette de baleine au plafond, feux de cheminée au fond de la pièce, lumières tamisées, et le décor est posé. Ils font particulièrement attention à l’environnement et préservent un maximum les ressources. Niveau nourriture, ils achètent un maximum local et ont même un potager derrière le restaurant. Le personnel est gentil, et la nourriture délicieuse, une super adresse (un peu loin depuis la Suisse, je le reconnais). Je prends du poisson, je suis aux anges.

A 14h30, nous sommes sur le départ pour une heure vingt de route, direction l’est du continent. Les routes sont toujours très bien entretenues, pas de nid de poule, juste un béton lisse, aux lignes fraîches et distinctes. Aucun soucis avec ça depuis que nous avons atterri du côté de Cap Town. Les dos d’âne violant comme nous avons connus, sont absents ici. Comme depuis le début, nous roulons à gauche. Depuis que nous avons la Kwid, nous avons remarqué une nouveauté, le clignotant est inversé. Ça peut paraître étrange, mais nous sommes profondément ancrés dans nos gestes que nous faisons presque automatiquement. Même sur la précédente voiture, la Datsun, qui avait pourtant le volant à droite, le clignotant était « du bon côté », à gauche du volant. Tout ça pour dire que depuis deux jours, nous mettons très souvent les essuie-glaces, alors qu’il n’a jamais plu. Nous ne croisons pas un bidonville jusqu’à destination, plutôt beaucoup de très jolies maisons.

Un peu avant 16h00, nous sommes arrivés. Nous voilà au cap des aiguilles. Cela ne vous parle pas ? Et pourtant, cet endroit est connu pour être le point le plus méridional du continent africain. (Et non, ce n’est pas le Cap de Bonne Espérance comme un grand nombre de personne le pense.) Et ce n’est pas seulement ça, c’est également là qu’intervient la jonction des deux océans. A l’ouest, l’océan Atlantique. A l’est, l’océan Indien. Certains diront que toutes ces conneries de nord et sud, suivant comment on se tourne, ça change tout. N’empêche que du coup, c’est marqué sur une jolie plaque, pas d’erreur possible. D’un côté les eaux chaudes, de l’autre les courants froids. Ici, les deux océans s’embrassent. Peu importe l’attraction de l’indien, l’eau reste froide. D’ailleurs, le vent souffle particulièrement et je suis contente d’avoir mon jeans et deux pulls en plus de mon t-shirt.

Cet endroit a vraiment quelque chose de magique. C’est un parc national, celui du cap des Aiguilles, et il y a plus de deux milles espaces de plante dont certaines sont endémiques. Le nom ici est « Cape l’Aghulas ». Vous allez vite comprendre l’origine du nom.

Le mot agulhas signifie « aiguilles » en portugais. Découvert en 1488 par l'explorateur portugais Bartolomeu Dias, le cap fut dénommé ainsi quelques années plus tard, en 1500, en raison de l'observation faite par les navigateurs portugais de la coïncidence dans cette région entre le nord magnétique (indiqué par les aiguilles d'une boussole) et le nord géographique, la déclinaison magnétique y est nulle. Coordonnées GPS : 20° 00’ E 34° 50’ S

Le contraste entre le vert de la végétation, la couleur de l’eau et le petit chemin qui serpente le parc est saisissant. Le vent souffle, et les vagues viennent s’écraser contre les nombreux rochers. Juste magnifique. S’il ne faisait pas si froid j’aurais voulu rester des heures à cet endroit.

Il y a, juste en face de la pierre qui sépare symboliquement les deux océans, une sculpture en métal représentant le continent africain au sol d’une taille de dix-huit mètres de long. En relief, il est possible de reconnaître les montagnes et volcans. Nous reconnaissons surtout le Kilimandjaro. Nous pouvons ainsi montrer à Romy le chemin que nous avons fait en Afrique du Sud. C’est tout simplement magnifique, et ça le serait d’autant plus si nous pouvions nous élever dans le ciel pour l’observer à sa juste valeur. Autour du continent, cela représente une boussole, et des grosses plaques en métal sont posées aux quatre points cardinaux.

Il y a également un très jolie phare, sur une petite colline en face des océans, strié de blanc et de rouge. Il a été construit en 1849 à la suite de nombreux naufrages, bien plus que dans d’autres régions, liés aux conditions de navigation difficiles entre les récifs et les littoraux très découpés. C’est le deuxième plus vieux phare de l’Afrique du Sud. Nous grimpons jusqu’à lui, observant d’un peu plus haut les eaux agitées.

Nous reprennons la route alors que le soleil se couche à l’horizon. J’ai un petit pincement au cœur. La temps a filé vite, la visite était rapide, et je ne m’attendais pas à un coin aussi joli. Nous avons aussi eu de la chance, car il y avait très peu de personne.

A 18h15, nous sommes de retour au même restaurant que ce midi, car Aurélien y a oublié sa casquette. Nous décidons finalement d’y croquer une morce afin d’éviter de se retrouver coincés comme hier soir. J’ai remarqué que nous avons le droit à plus de temps en terme de luminosité de ce côté-ci du pays. Le soleil se couche un peu plus tard. Je trouve que les journées sont toujours trop courtes quand elles se terminent vers 18h00.

A 20h00, nous sommes de retour à l’appartement et en profitons pour se reposer.

9
Romansbaai Collection

Jour 10 - 10 août 2022

Hier soir, le vent a soufflé terriblement fort, et le bruit des vagues m’a bercé. Ce matin, nous nous réveillons avec la vue sur l’océan, le brouillard est absent. En revanches, même si le vent a diminué comparé à la veille, il est toujours présent, et des gros nuages parsèment le ciel. Cela m’inquiète un peu pour l’activité que nous allons faire plus tard.

Nous rassemblons nos affaires. Nous allons changer encore une fois d’hébergement. Pour les deux prochaines nuits dans la région de Gansbaai, nous avons loué une maison avec un standing de luxe pour nos derniers jours de vacances.


Il est 10h00 lorsque nous arrivons du côté d’Hermanus. Plus précisément du côté de Gearings Point. Nous avons une vue imprenable sur l’océan et l’arc de cercle que forme la baie d’Hermanus. L’endroit étant surélevé, c’est une place de choix pour l’observation des baleines. Nous sommes conquis dès le début. Il y a deux baleines à bosse qui sont proches des côtes. Aux jumelles, je peux même observer leurs bosses sur l’avant de leur gueule. Nous avons de la chance, car elles nous offrent le magnifique spectacle de leur queue qui sort de l’eau et replonge dans l’océan. C’est époustouflant ! Le petit publique présent autour de nous, emmitouflé dans leur veste, pousse des petits cris d’admiration. Le long des rochers, nous voyons pleins de rongeurs plutôt gros, ce sont des « Damans des rochers ».

Voici quelques faits sur les baleines :


1. Leur cerveau est sept fois plus lourd que celui d’un être humain.

2. Les baleineaux naissent après onze mois de gestation et pèsent environ 1500 kilos à la naissance. Ils se nourrissent d’environ cent litres de lait par jour et prennent cent kilos quotidiennement.

3. Les baleines ont des poumons de la taille d’une petite voiture, un peu comme notre Kwid quoi.

4. Elles peuvent mesurer jusqu’à seize mètres et pèsent le poids de onze éléphants.

5. Chaque année, les baleines se reposent dans l’Harvey Bay, en Australie avant de faire un voyage de dix milles kilomètres vers l’Antarctique.

6. Leur queue est une marque unique, \240comme les empreintes digitales chez les humains.

Nous restons au total une heure trente à observer ce spectacle, de ce point de vue et également au Siever’s Point, qui se trouve plus loin sur la côte, loin du village et de la foule.

Nous repartons ensuite du côté de Gansbaai. Nous mangeons au même restaurant que la veille, mais c’est pour une bonne raison, celle d’être au plus proche de notre lieu de rendez-vous.

A 13h00, nous sommes déjà sur place. Après quelques explications, nous allons nous préparer. Cet après-midi, nous allons nager avec des requins !

Nous rigolons en nous voyant les uns et les autres dans nos combinaisons. Nous embarquons dans un bateau plus petit que celui de la veille. A l’arrière, nous embarquons une grande cage en métal. C’est grâce à elle que nous allons pouvoir nager avec les squales. Les conditions météos sont différentes de la veille. Il y a du vent et l’océan est agité.

Après une quinzaine de minute de route sur les eaux, nous jetons l’ancre. Il est difficile de tenir debout sans s’accrocher. Les vagues déferlent faisant tanguer l’embarcation. Ils jettent, dans l’eau un mélange de huile de poisson et de petits morceaux de saumons. En réalité, ça ne nourrit pas les requins, ça les attire simplement. En revanches, les mouettes sont ravies.

Après une dizaine de minute, les requins affluent. Ce sont des requins cuivres, une espèce pouvant mesurer jusqu’à trois mètre cinquante et peser trois cents kilos. Belle bête. C’est un prédateur rapide, qui a l’habitude de chasser à plusieurs, tirant avantage de son grand nombre. Cette espèce de requin a une croissance particulièrement lente, la maturité sexuelle est atteinte entre douze et quinze ans. En voyant un petit requin, nous pensons que c’est un bébé alors qu’il a déjà dix ans. C’est une espèce menacée.

Une petite dizaine de requin tourne autour du bateau. C’est impresisonnant de les voir évoluer de cette manière. La cage est suffisamment grande pour accueillir jusqu’à huit plongeurs. Ici, pas besoin de bonbonne d’oxygène, juste un masque et c’est tout. En effet, la cage est immergée au trois quart et cela nous laisse l’opportunité de respirer la tête hors de l’eau. Cela permet à tout le monde de participer, y compris aux enfants. A l’intérieur, il y a plusieurs barres pour se tenir. Le plus important est de garder les bras et les jambes à l’intérieur.

Nous sommes le troisième groupe à entrer dans l’eau. Avant cela, nous avons pu prendre le temps de les observer depuis le bateau. L’équipage leur lance un appât, comme un jouet, équipé de bande poisson. En réalité, ils n’en mangent pas, enfin sauf qu’en cela rate et que le bout de la ligne se retrouve toute nue. Oups. La pratique est controversée, certains défenseurs des requins affirmaient que cela pouvait modifier leur comportement. Si nous avons réalisé cette expérience avec « Marine Dynamics », c’est pour son respect envers la vie sauvage et son implication dans la recherche de la préservation des espèces animales. Il faut savoir que l’Afrique du Sud est le pays le plus impliqué dans la protection des requins. Il y a des normes strictes concernant les excursions de ce type, notamment sur le matériel. Il faut que les cages soient adaptées afin que les requins ne puissent pas se blesser. Des biologistes sud-africains ont défendu cette pratique en affirmant que ça ne dénaturait pas le comportement des requins et que cela permettait de démystifier cet animal auprès du grand public. En effet, les requins ont des étiquettes pleins les nageoires, entre-autre à cause d’idées reçues et de films. Durant le briefing, ils ont rappelé qu’il y a environ dix morts par année liés aux requins, toutes espèces confondues contre 25’000 pour les chiens et 4’000 pour les toasters. Bref, tout est question de perspective.

Nous ne sommes même pas stressés lors de la descente en cage. Les requins sont présents, s’agitent parfois un peu, et dans l’ensemble ont l’air plutôt détendu. Nous sentons le froid qui s’infiltre à travers la combinaison en néoprène. Honnêtement, je m’attendais à bien pire. L’océan doit être à dix degrés, et la combinaison rend cet exploit possible. Nous restons dans la cage vingt à trente minutes. Sous l’eau, il est difficile de voir loin, nous arrivons juste à distinguer les requins qui viennent se frotter contre la cage, à deux doigts de nous. C’est une dynamique à trouver. En effet, les vagues poussent parfois la cage et nous met dans une drôle de posture. En dehors de ça, il faut trouver ses appuis, car la cage est haute. J’ai toujours peur de mettre une main par inadvertance trop loin. Oups, trois doigts en moins. Ça va faire tâche au boulot la semaine prochaine.

C’est magnifique de pouvoir les observer aussi proche et dans leur milieu naturel. Lorsqu’ils foncent sur nous et montrent leur rangée de dent, ça fait quelque chose ! Quand ils viennent taper contre la cage, nous ne savons plus si c’est l’eau ou eux qui la secoue. La situation est assez cocasse je trouve. L’être humain en cage, l’animal est libre. Qui observe qui ? La question se laisse poser.

Nous finissons par ressortir, et sommes accueillis par un chocolat chaud et des linges. Même dehors, et malgré le vent, je n’ai pas froid. S’habiller est plus compliqué, d’autant plus que les vagues sont un peu plus grosses. Je commence à avoir sérieusement la nausée. Sur l’embarcation, déjà deux-trois personnes ont vomi, et beaucoup d’autre s’accrochent à leur vomi-bag. La nausée descendra plus tard, une fois sur terre.

Ça a été une super expérience, et je suis contente d’avoir pu vivre ça. Clairement, mon rêve ultime aurait été qu’il y ait un grand requin blanc, puisque c’est le bon endroit et la bonne saison. De ce que j’ai compris ce n’est pas aussi simple. Autant en safari, même sans les lions, nous avons vu tellement d’autres choses. Autant là, le prix est élevé (370 .- pour deux adultes, un enfant) et nous avons vu seulement une espèce de requin.

Nous quittons le restaurant où parte les excursions, après que j’ai parrainé la cause des requins pour 18.-.

Frigorifiés et sentant fortement le poisson, nous nous rendons à notre nouvelle maison pour les deux prochains jours. Comme dit précédemment, nous avons mis le paquet. Nous sommes au lotissement de Romansbaai. Il y un vrai poste de garde, et pleins de maisons récemment construites. Une plage privée et même des zèbres et des impalas qui se promènent librement.

Notre maison est absolument magnifique. Si belle, que nous avons à peine envie de toucher aux objets et mobiliers. De grandes baies vitrées partout sans vis-à–vis, un poêle à bois que nous nous empressons d’allumer, une terrasse avec petite piscine privée et deux chambres avec salle d’eau intégrée. La grande classe. Nous sommes passés par booking pour le prix de deux cents francs par nuit. Ça va pour deux nuits.

Une fois installés, nous reprenons la voiture pour trouver un restaurant. Nous nous rendons au Thyme at Rosemary’s, le restaurant qui nous a refoulé il y a quelques jours en arrière. Nous sommes les seuls clients, et le serveur nous explique qu’il ferme bientôt… il est 19h30. Étrange. L’endroit est plutôt guindé. Ici, pas de carte enfant, à la place, une grande carte des vins. Des mets raffinés. Nous prenons deux filets de bœufs de Madagascar, comme au parc Kruger, c’est une sauce au poivre. La qualité n’a rien à voir. La viande fond en bouche, tout comme les pommes de terre beurrées. De délicieux légumes accompagnent le tout. Nous prenons également deux verres de vin, du Merlot. L’Afrique du Sud est réputé pour ses vins. Pour le moment, je ne suis pas convaincue. Ils ont des notes sucrées. Romy prend la même chose que nous, sans la sauce. C’est un repas absolument délicieux. Petite bougie sur toutes les tables et feux au poêle, vieille musique française en fond, ambiance douce. Le prix se superpose au reste. C’est l’un des restaurants les plus chers sur les deux semaines. Environ cinquante francs. Depuis que nous sommes sorties du parc Kruger, nous tablons plutôt sur du quinze à vingt-cinq francs pour les trois.

Nous rentrons ensuite dans notre belle maison pour en profiter, alimenter le feux et passer une douce nuit.

10
Romansbaai Collection

Jour 11 - 11 août 2022


Pour la première fois depuis le début de nos vacances, nous nous réveillons à 8h45. Romy nous a préparé un petit déjeuner avec les moyens du bord : raisin, biscotte et cookie multicolores. Il y a du thé pour mon plus grand plaisir, et même une bouilloire avec température réglable. Décidément, les propriétaires ont du goût. Nous profitons de mettre la musique sur l’enceinte portable et dansons dans la cuisine. J’admire à nouveau chaque détail de cette magnifique maison. Dehors le soleil brille et les rayons du soleil s’invitent à l’intérieur, se mêlant à notre bonne humeur. Nous traînons les pieds et prenons notre temps pour partir. Pour la première fois depuis que nous avons foulé le sol africain, nous ralentissons le rythme.


Nous avons gentiment fait tout ce qu’il y a à voir dans notre coin. Gansbaai est un petit village de pêcheur et par conséquent, les activités se concentrent surtout du côté de l’océan, chose que nous avons fait ces deux derniers jours. Mise à part le cap des aiguilles à une heure trente de route, il n’y a rien d’autres. Les villages sont peu nombreux et nous sommes entourés de montagne, ce qui limite les activités. Ici et dans les environs, il n’y a aucun parc national similaire au parc Kruger. Quelques réserves privées où les grands fauves sont absents, ou alors ils sont détenus en captivité et nourris par l’humain. Un zoo en résumé.

À cinq minutes de notre maison, se trouve le sanctuaire des pingouins de Gansbaai qui est en relation avec « Marine Dynamics » et « Dyer Island Cruises ». L’entrée est gratuite. A notre arrivée, une dame nous accueille et nous explique pleins de choses sur cet endroit. Il y a une grande pièce en extérieur où sont recueillis les pingouins blessés. Le sanctuaire sert d’hôpital pour les oiseaux en convalescence le temps qu’il puisse être relâchés dans la nature. Leur séjour dure entre deux et cinq semaines. La gardienne nous explique que chaque individu se nourrit de dix poissons par jour, ce qui représente de grande quantité de nourriture pour ce petit centre. Dans le grand enclos, il y a environ vingt pingouins. Leur devise “every birds count”. L’espèce est proche de l’extinction, ils doivent faire un maximum pour inverser cette tendance. Elle nous montre un des animaux, celui-là s’est retrouvé ici car il s’est fait croquer par un chien. Comme dit quelques jours plus tôt, les goélands s’attaquent régulièrement aux œufs des pingouins. Ces derniers se mettent alors à plusieurs pour protéger leur progéniture en devenir, et les goélands ne plaisantent pas, car ils vont crever les yeux des pingouins. Il y en a plusieurs qui se retrouvent au sanctuaire pour cette raison là.

La visite s’arrête globalement là. Un coin boutique avec deux-trois trucs et un café. Je ne l’ai pas mentionné il y a deux jours, mais j’ai fait un don pour la construction d’un nid sur l’île. Ce sont des espèces de niche en plastique dur qui sont installées sur les côtes et la Dyer Island afin de protéger les œufs des prédateurs. Il y a des trous sur le dessus pour la ventilation et pas de fond, comme un vrai terrier, afin que l’eau de la pluie s’évacue correctement dans la terre ou le sable. Son coût est de 500 rands, soit trente francs, et j’en ai acheté un pour qu’il soit installé sur l’île. Aujourd’hui, au sanctuaire, deux autres dons sont possible : 150 rands, soit huit francs huitantes, cela permet de nourriture un pingouin pour une journée. Et 1’000 rands, soit soixante francs et cela permet de replacer dans la nature un pingouin avec tous les frais que cela engendre. Je choisis de faire un don supplémentaire et de parrainer le retour dans la nature d’un pingouin africain. Cela fait plusieurs jours que nous sommes dans la région. Je n’ai jamais été très généreuses en don, mais j’avoue que d’être ici cela change les choses. Je sais où je donne mon argent, et j’espère de tout cœur que l’espèce pourra accroître son nombre. Et avec ça, je peux avoir une plaquette à mon nom juste devant l’entrée sur une peinture de pingouin qui est le logo du centre. Je rajoute le nom d’Aurélien et Romy.

A 12h00, nous rejoignons Hermanus. La journée s’annonce plutôt calme, et nous décidons d’aller manger là-bas, cela nous changera d’air. Le soleil de l’aube s’en est allé, laissant place à la grisaille et au vent océanique. Nous nous parquons au « Gearings Point ». Le même point de vue qu’il y a deux jours. J’ai lu à plusieurs endroits qu’Hermanus possèdait son crieur de baleine. Une personne chargée d’alarmer le publique de la présence d’un cétacé. Pas vu, pas entendu. En même temps, les baleines sont presque systématiquement là, l’utilité d’un crieur est discutable. Sinon il est peut-etre en vacances, qui sait ?

Nous ne sommes pas déçus, et cette fois, nous avons encore de la chance. Les baleines sautent et dansent dans ce petit bout d’océan, à quelques mètres de nous. Que ça soit à l’œil nu ou aux jumelles, le spectacle est impressionnant. Beaucoup de femelles sont avec leur progéniture que nous apercevons timidement à leur côté. Difficile de trouver des mots. Là encore, le cri de la foule est parlant. Une danse magique, un spectacle unique. Il faut parfois avoir de la patience. Autant maman baleine se met à sauter dix fois de suite, autant l’activité peut-être calme pendant plus d’une heure. Dans l’arc de cercle devant nous, nous en comptons quatre à cinq, bébé inclus, chaque individu ou duo sont éloignés de plusieurs mètres. Il faut avoir le regard attentif.

Nous partons manger au restaurant d’en face. La nourriture est excellente à nouveau, ça fait plaisir. Petit morceau de viande, sauce au poivre et légumes délicieusement assaisonnés, un régal. Et cette fois, petit plaisir avec un dessert, chose qui est exceptionnel depuis le début des vacances.

Après manger, nous nous promenons dans la petite ville de pêcheur d’Hermanus. Quelques boutiques sans grand intérêt, et plusieurs restaurants. Nous passons dans un petit marché sans rien acheter. Nous retournons du côté de l’océan et nous nous prenons encore au jeux de l’observation des plus gros mammifères marins. Nous peinons à décrocher, même s’il fait froid, il est difficile de quitter ce que nous voyons. Nous avons encore droit à de belles choses, à des baleines qui sautent, montrent leur ventre et leur queue. Juste incroyable.

Nous repartons avec un petit pincement au cœur. Nous ne pensions pas rester aussi longtemps, il est passé 15h00. Nous rentrons du côté de Gansbaai et faisons un stop à un grand supermarché afin d’acheter à boire. C’est toujours compliqué d’être efficace dans ce genre d’endroit, car nous sommes attirés par les étalages si différents de ce que nous connaissons habituellement et en même temps très proche de ce que nous avons.

Nous arrivons à la maison vers 17h00. Le temps a passé tellement vite, même avec une journée si peu chargée. Nous allumons le feu et sortons le jeu de carte. Dehors la nuit tombe aussi doucement que sûrement, avec un air irrémédiable. Difficile d’imaginer qu’il y a la même heure en Suisse et pourtant, pas du tout la même luminosité. Cela change clairement notre mode de vie.

Nous nous perdons dans notre jeu et décidons finalement d’aller manger. Une dernière soirée à Gansbaai, un dernier repas au « Great White House ». Nous arrivons à 20h08, une serveuse nous informe que malheureusement, la cuisine est fermé depuis 20h00. Je suis sur le cul. Jusqu’à maintenant, nous avons toujours manger plutôt tôt, et tant mieux sinon nous n’aurions pas trouvé grand chose pour se nourrir. Bref, ils font une exception si nous commandons rapidement, chose que nous faisons. Le repas est délicieux comme à chaque fois. Nous refaisons le point sur les choses que nous avons vécues les derniers jours et sur ce qui nous attend demain.

A 21h15, nous sommes de retour et croisons des zèbres sur le petit chemin qui mène à notre logement. Nous nous arrêtons et coupons le moteur. Dans la lueur des phares, les équidés s’approchent naturellement de nous. Je tends la main, aucune réaction. Le temps s’arrêtent et nous observons chaque détail de ce cheval un peu spécial avant de redémarrer le moteur et de reprendre notre vie là où nous l’avions laisser.

Nous profitons de « notre belle maison pour deux jours » avant de se coucher.

11
Cape of Good Hope Old Lighthouse

Jour 12 - 12 août 2022


Cette nuit, j’ai été réveillée à deux reprises par le bruit de la pluie qui martelait le toit de la maison. J’avais presque oublié le son que cela faisait après des semaines caniculaires en Suisse.

Nous nous réveillons à 7h00 pour notre dernière journée du côté de Cap Town. Tandis que la pluie reprend du service, nous quittons la maison et grimpons dans la Kwid. Une longue route nous attend afin de rejoindre le cap de Bonne Espérance. Après presque trois heures de route, nous arrivons à l’entrée du parc national du Cap de Bonne Espérance, il est 11h30. C’est assez cher, cinquante francs pour nous trois. Nous y entrons en voiture. Nous traversons un long bout de… rien, ou pas grand chose. De la végétation s’étend de part et d’autre de la route qui est limitée à quarante kilomètres heure. Premier stop : la Pointe du Cap ou Cape Point. Nous nous parquons et grimpons dans le funiculaire. Le temps s’est éclaircie. Nous montons jusqu’au sommet de la pointe du cap où se dresse un vieux phare poussé à la retraite. Il a servi de 1860 à 1919, perché à 249 mètres au-dessus du niveau de l’océan. A l’époque, il fallait environ deux milles bougies pour qu’il se voie à 67 kilomètres au large. S’il a cessé de fonctionner, c’est tout simplement car il était régulièrement caché par le brouillard. Un petit nouveau, toujours en service, a été installé à 87 mètres au-dessus du niveau de l’eau. Les navires le remercient !

Il n’y a pas grand chose de plus à faire. La \240vue est sympa, elle donne sur les falaises et les vagues qui s’écrasent contre la roche au contrebas. En regagnant le parking, nous faisons un stop sur un take-away. Nous commandons des petites pizzas, il n’y a rien de guère plus appétissant et plus sain. A table, nous nous faisons littéralement attaqués par les oiseaux autour de nous. Au point qu’ils se mettent à piquer un bout de la nourriture de Romy, alors qu’elle est à mi-chemin avec sa bouche. Effrayant. Nous nous méfions pour le reste du repas, car les volatiles sont plutôt agiles et gourmands.

Le deuxième stop du parc national, est le fameux cap de Bonne Espérance ou Cape of Good Hope. Il est souvent confondu par le grand publique comme étant le point le plus bas du continent africain. La route qui y mène est terriblement sympa. Elle longe l’océan et le courant apporte son lot de magie en nous offrant de magnifiques vagues accompagnés de sons apaisants, bien qu’un peu agités. Et, clou du spectacle, cerise sur le gâteau, pompon sur La Garonne : des autruches ! Complètement improbable. Petite plage sauvage, à deux pas de l’océan, et des autruches qui picorent quelques bouts de verdure, relevant leur long cou juste pour voir qui ose s’approcher. Nous n’en avions pas vu au parc national Kurger. C’est une belle occasion de les voir ici. Nous faisons plusieurs arrêts le long de la route pour voir ces drôles d’oiseaux, et aussi observer les paysages. Dernière chose, nous observons un nouvel animal. La première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est que c’est un élan qui se trouve devant nous. En effet, nous avons vu les élans dans le guide du parc national Kruger. Je confirme cette information, que je suis allée vérifier plus tard !

Au bout de la route, après le voiturathon de l’autruche, nous y sommes. Je casse tout de suite le mythe. Les paysages sont très sympas, mais la foule, désagréable au possible et beaucoup trop importante. En effet, après le parking, il y a THE panneau que tout le monde souhaite prendre la pose devant, nous y compris. En réalité, il a été placé de sorte que derrière le panneau se trouve tous les gens qui souhaitent accéder au reste du site, pas très glamour. De plus, je le trouve un peu ridicule, car il indique “le point le plus au sud-OUEST du contient africain”. On peut discuter de la pertinence de faire ça. Pour moi, il y a le point le plus au sud et c’est tout. Personne ne va rentrer de vacances en disant « Hé les copains, incroyable, je suis descendue au point le plus au sud-ouest du continent ! Pourquoi je ne suis pas allée à celui qui était le plus au sud ? Faire trois heures de voiture pour ça, c’est un peu emmerdant. Là, nous étions à côté, nous avons vu ça, pris une photo et maintenant je peux m’en vanter. »

Honnêtement, à comparer, le cap des aiguilles est bien plus sympa, peu touristique et vraiment plus joli. D’autant plus que la symbolique est clairement plus importante. J’avoue être un peu déçue du cap de Bonne Espérance. Nous faisons tout de même la fameuse photo, quitte à être là. Nous repartons ensuite et quittons le parc national. Je trouve l’entrée chère pour ce que c’est. Après, si le temps à disposition est plus long, il y a quelques randonnées à faire.

Notre Kwid sillonne les routes très sympa qui remontent la péninsule. Les paysages font toujours rêvés ici.

La plage de Muizenberg est notre prochaine destination. Si j’ai choisi cet endroit, c’est pour deux raisons. La première, il y a des très jolies cabanes aux couleurs vives qui contrastent avec le sable blanc aux grains fins. Et la seconde, c’est que c’est la plage par excellence pour tous les débutants en surf et les enfants. Rappelons que nous sommes actuellement en hiver ici et que l’océan plafonne à un petit seize degrés. Les vagues sont importantes sur cette plage et par conséquent, adaptées au surf. Toutes les structures autour suivent ce concept puisque nous retrouvons pleins de boutique lié à la pratique de ce sport, des services de location et des cours.

Romy aime bien le surf, qu’elle a déjà pratiquée une fois. Pour trente francs, Aurélien lui offre une heure de cours avec un moniteur privé et le matériel compris. C’est ainsi que nous nous retrouvons plantés, droits comme des “i”, au bord de la plage à froncer les sourcils pour la voir se soulever sur la planche, convulser pour trouver l’équilibre, puis chuter sur les fesses et boire la tasse. J’exagère, elle se débrouille bien. A l’aller, elle fait la princesse, alors que le moniteur, Josh, gère le contre-courant, au retour, elle prend la petite vague et finit quand même sur les fesses près du banc de sable. Manque de bol, c’est le moment que le ciel choisit pour nous arroser d’une pluie sud-africaine. Violente, inattendue et brève. Suffisamment longue pour que nous nous regardons comme des couillons, car il n’y a aucun abri et que nous choisissons de prendre la pluie parce qu’après tout ça n’a jamais tué personne. Enfin bon, ça mouille quand même bien.

Après quarante-cinq minutes, Romy laisse tomber. Avec le sourire jusqu’aux lèvres depuis le début du cours, le froid a raison d’elle. Océan 1 - Romy 0. Qu’importe, elle a bien profité et a vécu une nouvelle expérience. Ça lui a permis de sortir de sa zone de confort, car au début elle ne voulait pas y aller vue qu’elle était toute seule. Et finalement, elle se retrouve toute seule avec un moniteur qui parle qu’anglais. Josh a été adorable avec elle, et elle a pu se rendre compte que le langage non-verbal est international.

Je récupère un enfant glacé, le met cinq minute sous une eau à quarante-deux degrés avec pression et un peu de sel, le sèche avec énergie pendant cinquante-deux secondes, l’habit avec un tas de tissus et une pincée d’impatience, lui souffle de l’air chaud dans ses longues fibres avec un appareil spécial et voilà un enfant tout neuf, cuit à point.

Dernière particularité de cette plage : de la même manière qu’il y a un crieur de baleine à Hermanus, à Muizenberg, il y a un crieur de requin. Sur les plages normales, il y a un drapeau qui indique si la nage est possible, ici les drapeaux annoncent la présence ou non des squales. Vert, tout va bien. Noir, les conditions sont trop mauvaises pour observer quelque chose. Rouge, haut niveau d’alerte, présence de requin récente. Blanc, présence de requin, il faut sortir immédiatement et une alarme sonore est donnée. Je trouve le concept intéressant et plutôt bien fait, même si ça ne garantie de loin pas le risque zéro. Aujourd’hui, le drapeau est noir. Romy est restée vraiment proche du bord, donc pas de soucis de ce côté-là. Autour de nous, nombreux sont les surfeurs qui prennent la vague. A l’horizon, certains ne sont que des petits points.

Nous passons encore voir les petites maisons colorées avant de reprendre la route jusqu’à l’aéroport. Tout se passe au mieux, et nous arrivons à 18h00 afin de rendre notre Kwid. Nous avons fait 980 kilomètres en cinq jours, même en ralentissant le rythme. Nous arrivons dans les temps pour enregistrer nos sacs à dos et passer la sécurité. Nous croquons une morce avant d’embarquer pour le vol de 20h00 en direction de Johannesburg. Je suis complètement épuisée.

Nous atterrissons deux heures plus tard sans encombre. Pour la troisième fois de ce voyage, nous retournons au Premier Hotel, qui a un emplacement très stratégique. Il est déjà 23h00, l’heure de prendre une douche est d’aller se coucher.

Jour 13 - 13 août 2022


Nous nous réveillons tranquillement à 8h30. Au programme : petit-déjeuner et préparation des affaires avant le grand départ. Nous grimpons dans la navette qui nous amène tout droit au terminal A. Les éléments s’enchaînent machinalement. Enregistrer les bagages, passer la sécurité et passer la douane. Le temps de faire encore quelques emplettes et nous voilà à bord de l’A380 pour huit heures de vol.

En attendant, j’ai quelques faits intéressant sur l’Afrique du Sud (AFS) à partager.


1. Il y a onze langues officielles : Anglais, Afrikaans, isiZulu, isiXhosa, Sesotho, Setwsana, Sepedi, Xitsonga, siSwati, isiNdebele et Tshivenda.

2. C’est le seul pays au monde composé de trois capitales : Pretoria, la capitale administrative, Le Cap pour la capitale législative et enfin, Bloemfontein pour la partie judiciaire.

3. La migration des poissons est si importante, qu’elle peut-être observée depuis l’espace ! Quinze kilomètres de petits poissons qui se déplacent sur quarante mètres de profondeur suivis de près par des dauphins et baleines. Un buffet géant pour les grands mammifères !

4. En 2006, l’AFS a été le dixième pays à reconnaître le mariage homosexuel. 80% de la population est chrétienne.

5. L’AFS est le plus grand producteur de noix de macadamia au monde

6. La première transplantation de cœur au monde a eu lieu en 1967. Cette performance a été réalisé par le Dr. Christiaan Barnard à Cap Town.

7. Le deuxième plus grand producteur de fruit au monde est l’AFS.

8. C’est le premier pays au monde à avoir donné une protection complète aux requins blancs en 1991.

9. La route 62 est la plus longue route de vignoble au monde.

10. Cap Town fête la nouvelle année le 2 janvier. L’origine remonte à la colonisation, puisque les esclaves n’avaient pas le droit de célébrer la nouvelle année avec les blancs, et la fêtaient le lendemain.

11. Le drapeau sud-africain, adopté en 1994 sous Frederik De Klerk après une grande consultation nationale, est le seul au monde avec six couleurs. Et chacune a une signification. Les noir, jaune et vert sont les couleurs du parti de l'ANC; les rouge, blanc et bleu celles des drapeaux anglais et néerlandais. Le Y symbolise la convergence et l'union des différents éléments.

Nous arrivons à passer minuit à Dubaï où une longue attente plane sur nous. En effet, nous avions la contrainte de ramener Romy à 18h00 le dimanche, donc nous avons pris une des seuls combinaisons possibles. Nous tentons de dormir sur des sièges améliorés où les pieds sont surélevés. Je suis tirée de mon sommeil par… l’appel à la prière. Il est 4h30. Elle dure en tout cas cinq minutes. Réveil garanti. Je repense aux inscriptions qui signalent « Dubaï, un aéroport silencieux ». Mon cul ! Maintenant que je suis réveillée, je vais parler un peu de l’histoire du pays qu’est l’Afrique du Sud.



Quelques notions d’histoire

Le 31 mai 1910, l'Union d'Afrique du Sud est créée. L'Afrique du Sud accède à son indépendance tout en faisant partie de l'Empire britannique. Elle a pour langues officielles l'anglais et le néerlandais, remplacées en 1925 par l'afrikaans.

L'élite noire tente de s'organiser en créant son propre parti, l'ANC (African National Congress) en 1912. Le but de ce parti est de revendiquer la pleine égalité entre les Blancs et les Noirs, ainsi que la fin de la ségrégation.

L’apartheid

En 1948, à la suite des éléctions générales, les nationalistes Afrikaners accèdent pour la première fois au pouvoir. Dès lors, les nationalistes vont instaurer une politique de séparation stricte (« apartheid » en afrikaans) entre les communautés vivant en Afrique du Sud (blancs, noirs, métis, indiens).

A partir de février 1950 sont votées des lois de cloisonnement des populations. Les territoires sud-africains sont attribués selon des critères raciaux. Ceux où sont regroupées les populations noires prennent la dénomination de « Bantoustans ». à l'intérieur des Bantoustans, les noirs s'entassent dans des « townships » et tentent de survivre. Ils doivent parcourir des kilomètres pour se rendre sur leurs lieux de travail munis de pièces d'identités spéciales (passports intérieurs).


Nelson Mandela (1918 - 2013)

Nelson Mandela fait ses études à Fort Hare, la seule université d'Afrique du Sud acceptant les Noirs. Avocat brillant, très tôt intéressé par la politique, il rejoint l'ANC dès 1943. Il devient rapidement l'un des leaders de la lutte contre l'apartheid. Il prône tout d'abord une politique non violente inspirée de Gandhi.

Après le massacre de Shaperville en 1960, l'ANC et Nelson Mandela abandonnent la lutte pacifique et créent une branche armée chargée d'effectuer des campagnes de sabotage et des opérations de guérilla.

Arrêté en 1963 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, il passera 27 années en détention dont 18 ans à la prison de Robben Island. Durant les années 80, Nelson Mandela, toujours en détention entame des négociations avec le gouvernement nationaliste pour mettre fin à l'apartheid qui est un échec pour les Afrikaners.

Le président sud-africain Frederik De Klerk le libère le 11 février 1990. Le prix Nobel de la paix leur est conjointement décerné trois années plus tard. Nelson Mandela devient le premier président noir d'Afrique du Sud en 1994. La nation arc-en-ciel est créé.

Puisque je suis lancée et que le jour n’est pas encore levé, j’ai fait des recherches sur les bidonvilles.


Les bidonvilles

Malgré les gros changements politiques de 1994, la ségrégation urbaine est toujours présente. Le démantèlement du système de l'apartheid s'est fait sur la base d'un compromis entre la minorité blanche et la nouvelle élite noire : une transition politique pacifique en échange d'un renoncement à une redistribution massive des richesses.

Cette non-remise en cause des acquis des Blancs a conduit les nouveaux responsables du pays à maintenir les règles en vigueur, au niveau de la gestion foncière et de l'urbanisme.

La structure des villes ne change pas fondamentalement. Les changements apparaissent de manière superficielle. On a l'apparition de la loi du marché pour tous les groupes raciaux alors qu'avant elle ne concernait que les Blancs. La première conséquence, c'est la déségrégation des quartiers riches. Quand on est riche, quelle que soit sa race, on peut choisir d'aller vivre dans un beau quartier. Il en est de même avec les quartiers de classe moyenne. Par contre, les quartiers pauvres restent pauvres et noirs. Parallèlement, l'Afrique du Sud doit faire face à des flux exceptionnels de

migrations vers les villes depuis la fin de

l'apartheid. Cette crise du logement se traduit, dans les grandes villes, par une urbanisation informelle massive et un nombre croissant de bidonvilles.

Township est un terme anglais qui s'applique à une petite ville, une extension de la ville, mais en Afrique du Sud il a une signification particulière. Il désigne le quartier résidentiel des Noirs pendant l'apartheid entre 1948 et 1994.

Les townships noirs toujours les plus éloignés du centre-ville et souvent à côté des usines, des mines et des centrales électriques, étaient des quartiers souvent pauvres et sous-équipés. Si la plupart des townships peuvent être considérés comme d'immenses quartiers, certains sont de véritables petites villes à la périphérie d'une métropole. L'exemple le plus célèbre est celui de Soweto, au sud-ouest de Johannesburg, avec ses quatre millions d'habitants, qui s'étend sur plus de 100 km2.

Plus de 20 millions de Sud-Africains (sur 52 M.) habitent les nombreux townships qui bordent les grandes villes du pays, soit plus d'une personne sur trois.

Un township est une zone urbaine

complètement dépendante d'une ville, même si elle se trouve à une certaine distance de celle-ci. Cette distance est en fait stratégique. Elle va d'un minimum de quelques kilomètres à un maximum de plusieurs dizaines de kilomètres, mais elle doit toujours être à la fois suffisamment près et suffisamment loin de la ville. Suffisamment proche pour permettre aux

travailleurs de se rendre en ville chaque jour, en utilisant les moyens de transport en commun ou à disposition, et de retourner dans leur township le soir. Suffisamment éloignée pour ne pas donner à ces travailleurs le droit de résidence dans la ville. Ils étaient en fait considérés comme des résidents temporaires des villes blanches et ils devaient être en possession de documents de tous types : de travail, de résidence, de voyage, afin de permettre aux autorités d'avoir un contrôle pratiquement total sur les mouvements des Africains à l'intérieur du pays.

Un township avait fondamentalement deux raisons d'être : fournir un réservoir de main-d'œuvre à la ville et regrouper la population non-blanche dépendante de la ville à une certaine distance de celle-ci, de façon qu'en dehors des heures de travail elle se trouve ailleurs qu'en ville et que, du fait qu'elle est groupée, elle puisse être facilement contrôlée. C'est seulement la seconde fonction, celle du contrôle politique de la population non-blanche qui a disparu à la fin de l’apartheid.

Rapidement, les camps de squatters s'érigent, en périphérie urbaine ou dans les interstices des townships, pour répondre à la demande en logement. De 1994 et la fin de l'apartheid à 2011, le nombre d'unités d'habitat informel, faites de murs en tôle et en carton et de toits en bâche de plastique (les shacks), a explosé. La fin des lois interdisant aux Noirs africains ruraux de s'installer en ville a entraîné un exode rural et une urbanisation sans précédent, dans des villes qui n'y étaient pas préparées. Entre 1994 et 1998, l'urbanisation informelle du Cap, par exemple, s'est traduite par une multiplication par trois du nombre de

shacks. Beaucoup d'habitants des bidonvilles viennent de l'Est de l'Afrique du Sud et sont considérés comme des étrangers dont il est « moins prioritaire de s'occuper ». Les grands plans de construction de logements sociaux de 2003 et 2005, lancés pour endiguer la

croissance urbaine informelle (Reconstruction & Development Plan), ont très vite pris un retard considérable, à tel point qu'aujourd'hui, on compte 265 bidonvilles, contre 43 en 1994. L'accroissement du nombre de bidonvilles s'est accéléré avec l'afflux d'immigrants, pour la plupart « illégaux », issus essentiellement des pays de la région, et en particulier des voisins directs (Mozambique, Lesotho, Zimbabwe..), mais aussi de l'Afrique de l'Est et Centrale, de l'Afrique de l'Ouest, et même de l'Afrique du Nord (Maroc, Algérie). A ces migrants africains s'ajoutent des Européens, de l'Europe centrale et orientale en particulier, et des Asiatiques (Indiens, Chinois).

Le Cap compte 3,8 millions d'habitants et 40% des foyers vivent en dessous du seuil de pauvreté.

C'est dans ce modèle spatial caractéristique de l'Afrique du Sud que les identités noires se sont développées. Sociabilités, éducation, engagements politiques se sont faits à l'échelle du township, donnant naissance à une géographie culturelle hors du commun. Forcés d'y résider, les habitants y ont développé une identité ancrée dans un certain nombre de lieux du township.

Aujourd'hui, cette appropriation de l'espace se manifeste par l'attachement des habitants des townships à leur quartier et leur refus de le quitter : bien souvent, même en cas d'ascension sociale, ils préfèrent rénover et agrandir la matchbox familiale, plutôt que de déménager dans un quartier plus prestigieux.

Ces paragraphes résument l’histoire si lourde et particulière que possède l’Afrique du Sud. Même aujourd’hui, nous pouvons constater que tout est compliqué, et que les inégalités persistantes représentent un gouffre entre chaque communauté.

Avec tout ça, vient l’heure du prochain vol, juste après notre petit-déjeuner. Pour finir, l’escale a vite passé. L’avion est retardé une fois que nous avons embarqué, car il y a du sable dans l’air qui empêche une bonne visibilité. L’avion quitte le tarmac à 9h30 pour six \240heures de vol, signant la fin des vacances.

Conclusion


Voiture & conduite : Pas besoin de 4x4 pour sillonner les routes sud-africaines, même du côté du parc Kruger, elles sont particulièrement bien entretenues. Le tarif de location de voiture est correct. A savoir que nous avons toujours pris les voitures les moins chères et que cela coûtait plus cher de louer deux voitures à deux emplacements différents (comme nous avons fait) VS louer la même voiture pour deux semaines —> 520.- / 420.-. La prestation des loueurs était de très bonne qualité. Il faut un petit temps d’adaptation à la conduite à gauche, mais cela reste clairement faisable. Le plus dur réside à l’intérieur des grandes villes où la densité est importante et les directions complexes. Conduite de nuit à éviter, surtout pour la présence régulière de piétons et animaux. Attention si passage en Eswatini, il faut l’annoncer au prestataire, et surtout, les routes sont réellement abîmées avec des nids de poule et des dos d’âne violents. Nous avons utilisé exclusivement Maps.me, la location de GPS est souvent un coût important en plus. Maps.me a parfaitement convenu et avec le Car Play dans la voiture, c’était parfait. En une phrase : la location de voiture est sécuritaire et indispensable afin de visiter plus amplement le pays.


Sécurité : A aucun moment nous nous sommes sentis en danger durant ces deux dernières semaines, que cela soit à pied ou en voiture. Je me suis sentie autant en confiance que si j’évoluais en Suisse. En revanches, nous avons fuit le centre des grandes villes comme Cap Town ou Johannesburg. De ce que j’avais lu, la sécurité n’y était pas garantie.


Safari : Pour avoir testé un “safari classique” du côté de la Tanzanie, c’est intéressant de pouvoir comparé les deux modes de fonctionnement. J’ai énormément apprécié la liberté d’avoir sa propre voiture et de se déplacer dans le parc par sois-même. Cela responsabilise beaucoup plus, et ça nous a poussé à chercher des infos sur les animaux que nous voyons. Nous avons pris plaisir à rechercher dans le guide le nom de chaque espèce. Dans la même idée, nous étions maître de notre journée et de notre itinéraire. Je serais bien incapable de refaire le tracé des parcs nationaux vus en Tanzanie, alors que je peux aisément le faire cette fois. Cela permet de visiter au rythme de chacun et de prendre du temps là où on le souhaite. Mine de rien, nous n’avons pas forcément tous le même attrait pour chaque animal. Avec des enfants, je trouve que c’est le mode de safari le plus adapté. L’avantage principal de la Tanzanie, c’était d’avoir une grande jeep qui nous permettait de se tenir debout pour faire des photos. Une voiture surélevée n’est pas nécessaire, nous avons eu une Datsun Go et cela a suffit amplement. En revanches, pas possible de se mettre debout et de se dégourdir les pattes. L’observation longue des animaux peut être un peu plus inconfortable avec une petite voiture. Nous nous sommes vite rendu compte avec les deux sorties avec guide que nous avons fait, que nous faisions tout juste. Nous ne voyons pas forcément plus d’animaux avec un guide. Les petits rongeurs, peut-être, voir les oiseaux, mais cela s’arrête là. Et le dernier point important : le prix. Le parc Kruger à trois, logement compris dans le parc, nous a coûté 500.-, alors que la Tanzanie nous étions sur du 600.- par personne et nous dormions en tente. Bref vraiment plein de chose positive pour le self driving. A refaire, je m’y prendrais un peu plus tôt pour réserver le logement et prendrais un camp plus centré comme le « Skukuza » ou le « Lower Sabie ». A savoir que les prix varient en fonction des camps et de leur aménagement.


Population : Nous avons vraiment été accueillis de manière chaleureuse partout où nous sommes allés. Les gens sont très souriants, toujours à nous demander comment nous allions et ce, même quand il n’y avait pas d’enjeux financier. D’ailleurs, nous avons été très peu sollicités pour nous vendre des trucs, des taxis, des logements ou encore des excursions. C’était très agréable.


Argent & budget : il est possible de payer absolument partout avec la carte, même dans le parc Kruger, c’est très pratique. Il faut garder cependant un peu de monnaie pour les péages qui ne prennent pas la carte. Petite exception à la règle. Globalement l’Afrique du Sud est plutôt bon marché. Les prix sont plus élevés au sein du parc Kruger, mais hormis cela nous avons pu faire des restaurants à chaque fois entre 15-25 CHF pour trois personnes. En terme de logement, il est possible de s’en sortir avec de très beaux hôtels/appartements pour 50.- la nuit pour les trois. Je suis passée exclusivement par Booking. Clairement, nous avons voulu nous faire plaisir, et nous avons fait pété le budget quelques fois concernant les logements. Au total, en comprenant notre maison de luxe, cela nous donne une moyenne de 110.- par nuit pour les trois, ce qui reste raisonnable étant donné les magnifiques logements où nous sommes allés. Le plus cher, reste encore les activités comme les tours en bateaux et l’entrée au fameux cap de Bonne Espérance. Côté surf, cela semblait raisonnable.


Conclusion de la conclusion : Nous avons passé un magnifique séjour et étonnamment, sans aucun encombre, pas même une valise perdue, un pneu crevé ou un vol annulé. L’Afrique du Sud est un pays incroyable que j’ai énormément apprécié visiter. Difficile d’en faire le tour en deux semaines, mais je crois qu’avec notre rythme effréné, nous avons eu un large aperçu des trésors que recèlent ses terres. Nous avons axé notre séjour principalement sur les animaux. La première semaine sur terre et la deuxième semaine dans l’océan. Je sais qu’il y a encore pleins de beaux paysages à voir et de jolies randonnées autant pour les débutants que les plus expérimentés. L’Afrique du Sud passe sans hésiter dans la liste de mes pays préférés.


Quant à l’Eswatini, nous avons été surpris de découvrir cette topographie et de très beaux paysages. Il aurait fallu deux jours en tout cas sur place pour en voir plus, sachant que cela reste un très petit pays avec peu de chose à voir.


Et comme dirait l’autre, vivement le retour au travail pour qu’on se repose !